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Projet de M. Passy Projet de la commission
Dette publique et dotations 411,726,643 fr. 405,335,193 fr.
Services généraux des ministères 763,938,365 731,360,918
Frais de régie et de perception 150,999,421 150,449,921
Remboursemens et restitutions 82,111,955 81,861,955
Total 1,408,776,384 fr. 1,369,007,987 fr.[1]
Travaux extraordinaires 103,184,000 58,837,500
Total général 1,511,960,384 fr. 1,427,845,487 fr.

Ainsi la commission retranche 84 millions des propositions du gouvernement. La réduction porte pour deux cinquièmes sur l’effectif de nos armemens, et sur les travaux publics dans, la proportion de trois cinquièmes. C’est en grande partie plutôt un ajournement de dépenses qu’une économie. Les travaux en effet que l’on n’exécutera pas en 1850, étant la conséquence d’entreprises déjà commencées et qu’il faut terminer, pèseront sur les exercices subséquens. La France ne laissera ni ses chemins de fer, ni ses routes, ni ses canaux inachevés il y va tout ensemble de sa prospérité et de sa puissance. Les 50 millions que l’on retire au budget des travaux publics en 1850 seront donc inévitablement reportés sur les budgets qui suivront. La suppression de cette allocation n’a d’autre objet que de soulager provisoirement la dette flottante.

C’est surtout après une révolution qui a jeté dans les esprits un grand trouble qu’il importe d’ouvrir à leur activité inquiète le dérivatif du travail. Il faut déverser quelque part cette sève qui les agite et qui déborde. Tout peuple emporté par la fièvre révolutionnaire ne se calme que par la guerre ou par l’industrie. Le mouvement de 1789 nous a donné cette guerre de géans qui, après vingt années d’une gloire incomparable, à travers la république et l’empire, a ramené la France un peu en arrière de ses anciennes limites. Le mouvement de juillet 1830, détournant au contraire nos regards de l’Europe, a suscité les progrès de la richesse intérieure, et nous a promptement familiarisés avec les merveilles du capital, ainsi qu’avec les ressources du travail. C’est de la loi qui détermina, en 1832, l’achèvement des travaux et des monumens commencés que date cette ère nouvelle. Par son exemple et par ses trésors ; l’état, au sortir de la crise, imprima une impulsion féconde à l’industrie privée.

Nous avons aujourd’hui la même politique à suivre. L’industrie privée, alarmée et rebutée, par nos convulsions politiques, n’ose plus

  1. M. Gouin fait remarquer ; dans son rapport sur le budget des recettes, que le chiffre des dépenses ordinaires ne s’élève en réalité qu’à 1,367,643,688 francs.