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lettres serait nécessaire, et l’on sait que le mouvement produit dans la consommation par l’abaissement des taxes se ralentit à mesure que l’on s’éloigne du moment de l’impulsion.

L’évaluation qui a été adoptée pour le produit des taxes établies sur les boissons donne lieu à des observations encore plus graves. Ce revenu se trouve porté pour 1851 à 100 millions ; il n’a été que de 94,522,000 francs en 1850. On doit prévoir cependant, comme une conséquence infaillible de l’enquête qui suit son cours, un changement dans l’assiette de ces taxes qui en diminuera les produits. Au lieu d’un accroissement de 5 millions et demi, il faudra probablement mettre en ligne de compte une réduction de 8 à 10 millions. En tout cas, ce n’est pas le moment de prévoir un progrès dans le revenu, lorsque l’impôt est attaqué et qu’on ne peut le raffermir qu’au prix de quelques sacrifices.

Il paraît téméraire d’élever de 5 millions le produit des douanes, et de 4 millions celui des droits sur les sucres, après ce qui vient de se passer à Paris. M. le ministre des finances nous dit, dans les notes du budget, que « le mouvement commercial tend à se développer, qu’il y a lieu d’espérer un accroissement dans la consommation du café et une reprise notable dans l’importation des fontes étrangères, par suite de l’impulsion que la construction et l’achèvement des lignes de chemins de fer imprimeront sans doute aux travaux de l’industrie métallurgique. » L’événement a déjà démenti ces prévisions trop flatteuses. En effet, le vote de l’assemblée sur la loi relative au chemin de fer de Lyon arrête court la construction des grandes lignes de chemins de fer, et replonge les usines dans cet état de langueur qui laisse chômer depuis deux ans les moteurs, les machines et les ouvriers. Quant au mouvement commercial, il a reçu des élections du 10 mars et du 28 avril un échec dont plusieurs mois de tranquillité le relèveront à peine, et comment faire fonds sur un peu de sécurité dans un temps où les élections viennent comme en permanence agiter les esprits et mettre le gouvernement en question ?


CONCLUSION.

En résumé, l’exercice 1851 va s’ouvrir avec un découvert de 535 millions. Les dépenses ordinaires de l’année sont évaluées à 1,282 millions. En supposant que les réformes administratives qui sont projetées dans l’occupation de l’Algérie, dans l’armée et dans la marine réduisent la dépense de 22 millions, et que les crédits supplémentaires, mesurés avec une grande sévérité, ne l’augmentent que de 20 millions dans le cours de l’exercice, le budget réel s’élève encore à 1,282 millions. À cette somme en quelque sorte normale, et qui représentera les efforts péniblement faits par trois ou quatre commissions, en vue de