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moyens possibles la production industrielle, cette source intarissable de la richesse financière ; mais, sans une bonne organisation militaire qui assure l’exécution des lois et la paix intérieure, l’état de l’industrie sera toujours languissant et précaire. Le chiffre total de l’armée régulière de l’empire ottoman, sans compter les spahis et autres milices indisciplinées, ne dépasse pas, même de l’aveu du cadre de l’état-major, cent cinquante mille hommes ; cette armée doit être composée de cinq corps, chacun de trente mille hommes. Cependant ce devis officiel de l’état-major, tel qu’il est présenté au sultan, est encore bien au-dessus de la réalité, car des renseignemens soigneusement recueillis sur le chiffre de l’année effective n’ont prouvé que ce chiffre ne dépassait point celui de quatre-vingt-quinze mille hommes, dont dix-sept mille de cavalerie.

Le tableau suivant fera connaître la hiérarchie militaire en Turquie et le montant mensuel des traitemens affectés aux différens grades.


Grades Montant des appointemens par mois en piastres «  en francs
Néfer (soldat) 20 4,50
On-bachi (commandant de. 10 hommes). 30 7,30
Tchaouch-bachi (commandant de 50 hommes). 40 9,50
Uz-bachi (commandant de 100 hommes).. 300 75
Miliasème (lieutenant du uz-bachi) 180 41,00
Bin-bachi (commandant de 1,000 hommes) 750 175,00
Kolagassi (lieutenant du bin-bachi) 600 150,00
Miralaï (colonel) 1.500 329,00
Kaïmakam (lieutenant-colonel) 900 211,00
Liva ou pacha à une queue (général-major). 7.500 1.770,00
Férik ou pacha à deux queues (lieut.-général.). 11.000 2.587,00
Muchir ou pacha à trois queues (gén. en chef). 70.000 15.880,00

Dans la moyenne, l’entretien d’un régiment revient au gouvernement turc à 3 millions de piastres (704,331 francs) par an, et celui du total de l’armée à 285 millions de piastres (environ 70 millions de fr.). L’entretien de l’armée absorbe donc bien au-delà du tiers des revenus de l’empire ottoman ! On voit en outre qu’en Turquie il existe entre tes salaires des grades subalternes et ceux des grades supérieurs une disproportion telle, qu’on n’en trouve point de semblable dans les armées d’aucune puissance européenne ; car, en évaluant les frais de rations et d’habillement qui sont fournis au soldat en sus de son salaire à la moitié du montant de ce dernier, on aura à peu près la somme de