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de l’or dans ces deux contrées, et par conséquent de combien la valeur de l’or baissera-t-elle, avec le temps, par suite de l’exploitation de leurs mines ? Et, si la valeur de l’or baisse dans une forte proportion, ce dont l’auteur ne doute pas, quelles seront les conséquences de ce phénomène dans les transactions commerciales ? Quel effet aura-t-il sur la richesse publique et sur la richesse privée ? Quelles classes en seront atteintes ? quelles autres en retireront avantage ? Et enfin quelles mesures le législateur peut-il prendre pour réduire les proportions de la perturbation à ce qui est inévitable ? Voilà une série de questions financières, économiques, administratives, qui toutes ont un grand intérêt et que l’auteur a traitées avec les mérites qui lui sont propres, la rigueur des déductions, le choix des renseignemens et un style d’une clarté élégante.

Les mêmes questions sont traitées aussi à propos de l’argent, métal pour lequel il y a lieu de prévoir des changemens moins marqués que ceux qu’on est en droit de prévoir pour l’or, mais cependant considérables.

La monnaie sert à mesurer les valeurs ; elle est à la fois un équivalent et une mesure. L’auteur a été ainsi amené à exposer les idées les plus accréditées sur la valeur, et les propositions faites à diverses époques pour remplacer l’or et l’argent par d’autres objets pour la fonction monétaire. Il a dû passer en revue aussi les principales variations que la valeur des métaux précieux avait éprouvées dans les temps anciens et dans le cours de l’histoire des peuples modernes, par suite de la découverte des mines nouvelles ou du progrès des arts et du commerce. Il a exposé surtout avec détail ce qui s’était passé en ce genre depuis la découverte de l’Amérique jusqu’à nos jours ; il en a parlé en homme qui a visité l’Amérique et exploré les mines elles-mêmes. Il a présenté aussi lee tableau des quantités extraites des mines, de ce qui a été monnayé, de ce qui a pu se perdre. Il n’est pas une des questions relatives à la monnaie ou aux métaux précieux qu’il n’ait approfondie avec succès.


ESSAI SUR LA LIBERTÉ, L’EGALIT2 ET LA FRATERNITÉ, considérées au point de vue chrétien, social et personnel, par Mme L. de Challié, née Jussieu[1]. — Le titre de cet ouvrage est peut-être de nature à inspirer d’abord quelque défiance aux esprits sensés. On a tant abusé depuis deux ans des trois mots sacramentels liberté, égalité, fraternité, ces trois mots si beaux en eux-mêmes, on les a fait servir de prétexte à tant de déclamations folles ou perverses, qu’ils sont devenus comme une sorte d’épouvantail, dont le seul aspect sur la couverture d’un livre suffit pour mettre en fuite beaucoup de lecteurs. Ce n’est donc pas sans une certaine inquiétude que nous avons ouvert le livre de Mme de Challié ; mais nous avons été bientôt rassuré. Dès les premières pages, nous avons senti que nous étions en présence non-seulement d’un cœur noble, sincère et généreux, mais d’un esprit des plus droits, des plus fermes, d’une intelligence élevée servie par un vrai talent d’écrivain, et, en terminant cette lecture attachante, notre conscience nous a dit que nous pouvions sans flatterie classer cet ouvrage parmi les travaux les plus distingués qui aient paru dans ces derniers temps.

  1. 1 vol. in-8o, chez Gaume, éditeur, rue Cassette, 4.