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cueillir des indications plus complètes et de se convaincre ainsi que ces ruines étaient bien celles d’un palais d’habitation.

Ce palais avait deux façades, sur lesquelles régnaient deux perrons à rampe double ; leurs murs de soutènement et leurs escaliers étaient ornés de sculptures représentant encore des individus porteurs de présens, le groupe du lion terrassant le taureau, et les gardes armés de lances, avec trois tablettes d’inscriptions sur le mur du plus grand perron et une au centre du plus petit. Au premier perron aboutissent deux escaliers de vingt-trois marches, sur chacune desquelles est figuré un petit personnage qui semble monter les degrés ; ces figures portent toutes quelque chose qu’elles paraissent vouloir offrir au royal habitant du palais ; les unes tiennent sous le bras un chevreau, les autres portent à la main des vases, ou sur leur épaule un objet difficile à définir, ressemblant assez à un coffret. L’analogie qui existe, pour l’ornementation comme pour la disposition, entre ce perron et celui de la grande colonnade se complète par les bas-reliefs qui en décorent le mur de soutènement : on y retrouve le groupe symbolique du taureau dévoré par le lion, accompagné de tiges de lotus fleuries ; entre les cadres d’inscriptions sont des doriphores armés de lances.

Au-dessus de la tablette gravée du centre, on aperçoit la partie inférieure du mihr ou ferouher, représentation symbolique des deux divinités persanes Ormuzd et Mithra. De chaque côté de cet emblème était assis, sur sa partie postérieure, un animal dont on ne voit plus que l’extrémité des pattes semblables à celles du lion. Cette ornementation se trouvait complétée par la portion détruite du parapet qui bordait la terrasse du perron : des tiges de lotus entrelacées formaient, de chaque côté, une guirlande gracieuse qui s’étendait jusqu’aux escaliers. On arrivait, par ce perron, à un portique formé de huit colonnes sur deux rangs ; le profil de l’entablement qui régnait le long de la partie supérieure de la façade est indiqué par un refouillement dont la trace est encore visible au sommet des piliers d’angles.

Pénétrons maintenant à l’intérieur de ce palais : au centre est une salle carrée avec laquelle communiquent d’autres pièces plus petites. Cette salle étant encombrée de terre, nous la fîmes déblayer, et seize assises adhérentes à ce qui formait le sol de cette pièce indiquèrent un pareil nombre de colonnes qui supportaient la toiture. Dans le pourtour de la salle s’ouvraient plusieurs portes et fenêtres qui avaient pour jambages des blocs de basalte très épais restés en place au milieu des décombres et de la terre qui cachaient le pied des murs. La forme rectangulaire règne presque exclusivement dans les diverses parties de cette architecture : toutes ces portes, fenêtres ou niches, sont formées de deux piédroits d’un seul bloc, sur lesquels pose à angles droits un troisième bloc servant de corniche ; la face seule de ce bloc n’est