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derrière et devant, elle se drape sur les jambes en plis courbes ; elle est serrée à la taille par une ceinture dont un bout pend sur le devant ; elle couvre les bras de larges manches qui arrivent au poignet, et font des plis nombreux tombant sur les hanches. Ce personnage est coiffé d’une espèce de tiare peu élevée, plus large du haut que du bas ; ses cheveux longs forment sur la nuque de grosses touffes bouclées avec le plus grand soin. Il en est de même de sa barbe, qui est fort longue, toute frisée sur les joues ; au-dessous du menton, cette barbe est alternativement lissée et frisée jusqu’au milieu de la poitrine, où elle se termine par deux rangs de boucles. On ne peut dire comment le personnage était chaussé, car on ne distingue sous la robe rien qui rappelle une chaussure quelconque, et cependant les pieds ne sont pas représentés nus. Il se pourrait, comme on le voit sur plusieurs bas-reliefs de l’antiquité, que ces chaussures eussent été simplement indiquées par le pinceau, ou bien encore que, suivant l’usage conservé de nos jours à la cour de Perse, le roi eût les jambes et les pieds enfermés dans de grands bas de drap. Cette dernière opinion est celle qui me semble préférable, attendu que les autres figures de ce bas-relief, comme toutes celles que nous avons déjà décrites et qu’il nous reste à décrire, à l’exception de celle du roi, portent des chaussures parfaitement et visiblement indiquées par le ciseau.

Au-dessus de la tête de ce personnage, un grand parasol est tenu par un serviteur qui marche derrière. À côté de celui-ci, un second serviteur agite un chasse-mouche au-dessous du parasol, et tient, dans sa main gauche, quelque chose qui pend en faisant de longs plis, comme un mouchoir, c’est peut-être le bandeau royal. Les pages qui accompagnent le personnage principal sont, à très peu de chose près, vêtus comme lui. Leur robe est tout-à-fait semblable, ce qui doit faire penser que, dans ces temps reculés, le vêtement étant très simple et ne consistant qu’en une grande pièce d’étoffe drapée autour du corps, la forme en était la même à peu près pour tous. Les vêtemens ne différaient que par la qualité, le prix des étoffes, et aussi par quelques détails de toilette. Ainsi les deux pages sont chaussés de petits cothurnes attachés sur le cou-de-pied, leurs cheveux sont longs et bouclés ; mais leur barbe, frisée comme leur chevelure, est courte et taillée près du menton. Il doit y avoir, dans cette façon de barbe, l’intention d’établir une distinction entre ces personnages. J’y vois une marque hiérarchique qui désigne les gens de service auxquels la longue barbe était interdite. Les Orientaux ont toujours attaché une très grande importance à cet ornement viril, et les bas-reliefs de Persépolis ne sont pas les seuls où la personne du roi soit reconnaissable à la longueur de la barbe. Une observation analogue ressort de l’examen des sculptures assyriennes trouvées près de Mossoul, sur lesquelles le roi se distingue par une barbe très longue des officiers qui l’entourent. Les