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ces danseurs de bois copier toutes leurs attitudes et se donner leurs graces[1]. » Cependant, comme il est impossible de contenter tout le monde, un autre touriste (belge, je crois) ne sortit pas entièrement satisfait de cette représentation. Que reprochait-il à ces excellentes marionnettes ? Il les trouvait encore un peu raides.

M. Jal a vu en 1834 les fantoccini de Milan jouer un drame romantique en six tableaux, le Prince Eugène de Savoie au siège de Temeswar, avec autant d’aplomb que nos acteurs de la Porte-Saint-Martin ; mais ce qui l’étonna le plus, ce fut le ballet exécuté pendant les entr’actes. « La danse de ces Perrot et de ces Taglioni de bois, dit-il, est vraiment inimaginable : danse horizontale, danse de côté, danse verticale, toutes les danses possibles, toutes les fioritures des pieds et des jambes que vous admirez à l’Opéra, vous les retrouvez au théâtre Fiando ; et quand la poupée a dansé son pas, quand elle a été bien applaudie, et que le parterre la rappelle, elle sort de la coulisse, salue en se donnant des airs penchés, pose sa petite main sur son cœur, et ne se retire qu’après avoir complètement parodié les grandes cantatrices et les fiers danseurs de la Scala[2].


IV. — ANCIENS ET NOUVEAUX PERSONNAGES DU RÉPERTOIRE DES BURATTINI.

À une époque reculée, et qu’il serait téméraire à un étranger de vouloir préciser, le personnage favori, le héros des marionnettes d’Italie fut un célèbre masque de la Comedia dell’ Arte, Romain ou Florentin d’origine, nommé Burattino. Ce personnage acquit une si grande vogue, qu’il fut admis sur les théâtres de marionnettes, et que celles-ci furent appelées de son nom burattini. Je pourrais citer plusieurs comédies imprimées dans lesquelles Burattino joue le principal rôle. Voici le titre d’une pièce imprimée à Rome en 1628 : Le disgrazie di Burattino, comedia di Francesco Gattici. La renommée de Burattino s’est étendue hors de l’Italie. Je trouve ce personnage mentionné à Paris, parmi les autres masques de la comédie italienne, dans un petit écrit de 1622 intitulé : Discours de l’origine et mœurs, fraudes et impostures des ciarlatans, dédié à Tabarin et à Desiderio de Combes. On voit par le mot ciarlatans que l’auteur (qui ne s’est pas nommé) était partisan du français italianisé, dont s’est moqué si finement Henry Estienne. On lit au chapitre ni : « Nous comprenons sous ce mot ciarlatans les docteurs Gratian, les Zani, Pantalons, Buratins, et ces gens qui, sur un théâtre, représentent le Sicilien, le Néapolitain, l’Espagnol, le Bergamasque, etc. »

  1. Globe, n° du 7 août 1827.
  2. De Paris à Naples, t. II, p. 43-45.