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nous étions déjà entrés dans la, ville. Calculant alors que le maréchal n’avait pu conduire son armée à Mantoue que dans l’intention d’y aller passer le Mincio, il pensa que nous allions nous avancer vers l’Oglio et le centre de la Lombardie, ou remonter la rive droite du Mincio pour secourir Peschiera. Comme, pour l’exécution de l’un ou de l’autre de ces plans, il nous fallait également attaquer et forcer la ligne de Curtatone, le général Bava avait mis en toute hâte le 29, dès le point du jour, le premier corps et deux régimens de cavalerie en marche sur Valeggio, et, suivi d’une batterie à cheval et du régiment de. Nice-Cavalerie, il marcha sans s’arrêter jusqu’à Goïto, où il arriva à deux heures de l’après-midi. Il fit aussitôt prévenir les Toscans qui défendaient Curtatone et Montanara qu’il allait venir à leur secours, et il retourna à Volta pour presser la marche de l’infanterie ; mais en ce moment un officier accourant de Curtatone vint lui apporter la nouvelle de la défaite complète des Toscans. Le roi, qui venait d’arriver à Volta, craignit de voir l’armée autrichienne s’avancer vers Goïto avant qu’il eût eu le temps d’y porter des forces suffisantes pour pouvoir accepter la bataille ; il fit prendre à toutes ses troupes position sur les hauteurs de Volta à mesure qu’elles arrivaient de Valeggio. Cependant, la journée s’étant écoulée sans que les Autrichiens eussent paru sur la route de Goïto, Charles-Albert craignit que le maréchal ne voulût aller passer l’Oglio pour porter la guerre en Lombardie, le couper de sa base d’opération et marcher sur Milan. Il tint pendant la nuit conseil avec ses généraux, et résolut de marcher au point du jour sur Goïto pour se approcher de nous. Il pouvait dans cette position, accepter la bataille, si nous marchions sur Peschiera, ou arriver à temps pour nous attaquer pendant notre marche, si nous voulions passer l’Oglio. Le roi de Sardaigne, s’étant donc mis en marche le 30 mai au matin avec son armée formée sur trois colonnes d’égale hauteur, avait réuni à Goïto avant midi vingt-quatre mille hommes et quarante-quatre pièces de canon ; il les rangea sur les collines un peu en arrière de Goïto, où il alla appuyer l’extrême gauche en échelonnant les bataillons en arrière, et il refusa l’aile droite, de peur d’être tourné pendant le combat sur ce terrain, tout ouvert de ce côté.

Le maréchal mit, le 30 mai au matin, son armée en marche pour remonter le Mincio sur la rive droite ; le premier corps prit la route de Goïto, le second celle de Ceresara, et l’armée s’avança, espérant une nouvelle victoire. Le maréchal ne voulait pas attaquer l’ennemi pendant cette journée ; car il pensait que les Piémontais, menacés d’être complètement tournés dans leur flanc droit par la marche du second corps sur Ceresara, abandonneraient peut-être la ligne du Mincio sans combat. En conséquence, il donna au second corps qui marchait à notre gauche sur Ceresara plusieurs heures d’avance, afin qu’il pût