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d’un coup d’arquebuse pour terminer son agonie. Je vis dans une église la tombe d’André Hofer ; mais ses ossemens n’y sont plus : les chasseurs tyroliens du régiment de l’empereur qui avaient combattu avec lui les enlevèrent pendant la nuit qui précéda leur départ de Mantoue, et les transportèrent dans leur pays.

Le 5 au matin, l’armée se mit en marche et campa autour de San-Guinetto. Comme j’allais à la queue de la colonne pour surveiller la marche, une pièce de canon passa sur cette route étroite entraînée par six chevaux au galop. L’essieu d’une des roues accrocha mon cheval et le lança dans un fossé profond. Je me relevai tout moulu, car le cheval avait roulé sur moi ; mais à peine fus-je debout que je retombai par terre presque sans connaissance Cependant les soldats, m’ayant arrosé la tête avec de l’eau et fait boire de l’eau-de-vie, me remirent bientôt sur pied.

Le 6, le maréchal, pour tromper les Piémontais et leur faire croire que toute son armée rentrait à Vérone, détacha le corps de réserve, et le dirigea vers cette ville en le faisant passer par Bovolone et Villafontana sur la rive droite de l’Adige ; puis il alla avec le premier et le second corps passer cette rivière sur le pont de la forteresse de Legnago, et marcha jusqu’à Montagnana, charmante petite ville où il fut obligé d’accorder un jour de repos aux troupes. Pendant cette journée, le général Culoz, laissant au corps de réserve la garde de Vérone, sortit de la ville avec deus batteries et cinq mille quatre cents hommes ; puis, se dirigeant vers Vicence, il marcha jusqu’à Bonifacio, où il arriva le 8 au soir. Nous ignorions encore le but véritable de notre marche, car, pour tromper les espions de l’ennemi, le chef de l’état-major avait fait répandre dans l’armée et dans la ville de Vérone le bruit que nous allions attaquer Padoue.

Le 8 au matin, le maréchal quitta Montagnana, et conduisit l’armée jusqu’à Ponte di Barbarano. Le lendemain matin, au moment où il allait se mettre en marche il me donna des dépêches à porter à Vérone, je partis à l’instant, passai par Lonigo e t arrivai vers la nuit à Vérone. Le général Weigelsper, commandant de la ville, était fort inquiet ; sa responsabilité était grande, et il craignait une attaque des Piémontais, qu’il ne pourrait repousser avec sa faible garnison. Le même jour (9 juin), sur le soir, le maréchal arriva avec l’armée aux environs de Vicence et le général Culoz, avec son corps, à Arcugnana, au milieu des montagnes, en vue du mont Berico. Le 10, à six heures du matin, les premiers coups de canon se firent entendre ; Culoz s’avançait vers les hauteurs du mont Berico. À dix heures, il avait emporté toutes les barricades qui défendaient la route, la villa Santa-Margherita et le Castel-Rombaldo après un combat sanglant contre deux régimens suisses et cinq mille crociati. Le maréchal lui envoya alors