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Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 7.djvu/86

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M. DE CHATEAUBRIAND.




ETUDE MORALE ET POLITIQUE.[1]




D’exemplaires justices ont été faites dernièrement du haut de la tribune. À deux jours de distance, dans la même discussion, deux hommes, dont les lettres ont fait don à la politique, se sont vu reprocher, à la face du pays, dans des philippiques pleines de verve, le scandale de leurs emphatiques palinodies. L’un fait déjà, depuis un an, l’expérience de la tardive justice des peuples ; l’autre, son émule très inégal, commence aujourd’hui à en sentir l’amertume. Tout le monde a remarqué cette coïncidence. Chacun s’est demandé si c’était le hasard qui réunissait ainsi, pour une même exécution, des travers de cœur et d’esprit tout pareils. N’y avait-il pas là plutôt l’indice de quelque maladie morale, répandue dans l’air que nous respirons, à la fois épidémique et contagieuse, et qui s’en prendrait plus volontiers à l’ame des poètes qu’à celle des hommes ordinaires ? Pendant que cette question s’échangeait de toutes parts entre les spectateurs étonnés, une publication aussi singulière par sa forme que par son contenu nous était mise tous les matins sous les yeux dans le feuilleton d’un journal quotidien. À cette place qu’occupent ordinairement les fictions vénales des romanciers à la mode, la confession d’un écrivain

  1. Mémoires d’Outre-Tombe, 11 vol. in-8o. Eugène et Victor Penaud, éditeurs.