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un triste exemple des suites fatales qu’entraîne le moindre oubli des précautions imposées par le simple bon sens aux aventureux amateurs de la navigation aérienne.


V

Nous n’avons rien à dire des nombreuses expériences aérostatiques accomplies depuis quelques mois, si ce n’est que le goût des voyages aériens tend chaque jour à s’accroître. Il est toutefois un fait que nous avons déjà remarqué, et qui mérite qu’on s’en préoccupe c’est le retour des projets merveilleux pour la direction des ballons, qui coïncide avec l’engouement général dont la navigation aérienne est en ce moment l’objet.

La question de la direction des ballons a préoccupé, depuis les dernières années du XVIIIe siècle, un grand nombre de savane. Meunier, Monge, Lalande, Guyton de Morveau et beaucoup d’autres physiciens n’hésitaient pas à admettre comme possible la solution de cet attrayant problème. Les beaux travaux mathématiques que Meunier nous a laissés, relativement aux conditions d’équilibre des aérostats et à la recherche des moyens propres à les diriger, montrent à quel point cette pensée l’avait séduit. On peut en dire autant de Monge, qui a traité avec un soin particulier les problèmes mathématiques qui se rattachent à l’aérostation. Les opinions de Monge et de Meunier n’ont d’ailleurs pas manqué d’adversaires qui ont su les combattre victorieusement. Personne n’ignore, d’un autre côté, qu’une foule d’ingénieurs et d’aéronautes ont essayé de mettre à exécution diverses combinaisons mécaniques propres à diriger les ballons. Toutes ces tentatives n’ont amené aucune espèce de résultat, et la pratique a renversé l’espoir que certaines idées théoriques avaient pu faire admettre. L’on se fût épargné bien des mécomptes, si l’on eût étudié d’avance avec les soins nécessaires toutes les conditions du problème. Les géomètres qui ont fait de nos jours une étude approfondie de cette question sont arrivés à cette conclusion formelle : Dans l’état actuel de nos connaissances et de nos ressources mécaniques, avec les seuls moteurs qui sont aujourd’hui à notre disposition, il est impossible de résoudre le problème de la direction des aérostats. Cette proposition a été formulée, il y a quelques années, de la manière la plus nette dans un savant rapport de M. Navier. Pour diriger à volonté les ballons flottant dans les airs, on pourrait se proposer de suivre deux voies différentes : leur imprimer un mouvement horizontal au moyen d’un moteur convenable, ou bien chercher dans l’atmosphère les courans d’air les plus favorables à la marche, et se placer dans la direction de ces courans. Ces deux moyens ont été reconnus également impraticables : dans le