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du poisson dans l’eau. Ce plan resta à l’état de projet. C’est encore parmi les projets qu’il faut ranger la machine proposée en 1825 par M. Edmond Genet, frère de Mme Campan, établi aux États-Unis, qui a publié à New-York un mémoire sur les forces ascendantes des fluides, et a pris un brevet du gouvernement des États-Unis pour un aérostat dirigeable. La machine de M. Genet, d’une forme ovoïde et allongée dans le sens horizontal, présente une longueur de cent cinquante pieds (anglais) sur quarante-six de large et cinquante-quatre de hauteur. Le moyen mécanique dont il fait usage est un manège mû par des chevaux ; il embarquait dans l’appareil les matières nécessaires à la production du gaz hydrogène.

Ces divers projets n’ont pas été mis à exécution ; mais, par la triste déconvenue qu’éprouva, le 17 août 1834, M. de Lennox avec son fameux navire aérien l’Aigle, on peut juger du sort qui attendait ces rêveries, si on eût voulu les transporter dans la pratique. La superbe machine de M. de Lennox avait, selon le programme officiel, cinquante mètres de longueur sur quinze de hauteur. L’aérostat portait une nacelle de vingt mètres de long qui devait enlever dix-sept personnes ; il était muni d’un gouvernail, de rames tournantes, etc. « Le ballon est construit, disait le programme, au moyen d’une toile préparée de manière à contenir le gaz pendant près de quinze jours. » Hélas ! on eut toutes les peines du monde à faire parvenir jusqu’au Champ-de-Mars la malheureuse machine, qui pouvait à peine se soutenir. Elle ne put s’élever en l’air, et la multitude la mit en pièces.

Aujourd’hui le problème de la direction des aérostats vient d’être remis à l’ordre du jour. Un inventeur que n’a point découragé l’insuccès de ses nombreux devanciers, M. Petin, a tracé le plan d’une sorte de vaisseau aérien. Il réunit en un système unique quatre aérostats à gaz hydrogène, reliés par leur base à une charpente de bois, qui forme comme le pont de ce nouveau vaisseau. Sur ce pont s’élèvent, soutenus par des poteaux, deux vastes châssis garnis de toiles disposées horizontalement. Quand la machine s’élève ou s’abaisse, ces toiles présentent une large surface qui donne prise à l’air, et elles se trouvent soulevées ou déprimées uniformément par la résistance de ce fluide ; mais, si l’on vient à en replier une partie, la résistance devient inégale, et l’air passe librement à travers les châssis ouverts ; il continue cependant d’exercer son action sur les châssis encore munis de leurs toiles, et de là résulte une rupture d’équilibre qui fait incliner le vaisseau et le fait monter ou descendre à volonté en sens oblique le long d’un plan incliné. Là est toute la nouveauté du projet de M. Petin. Il n’est pas impossible que cette disposition permette en effet d’imprimer à la machine une sorte de marche oblique dans un sens déterminé, et ne donne ainsi les moyens de substituer à