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physiques du globe. Là est peut-être son avenir, c’est comme instrument de découverte scientifique qu’elle peut tenir un jour une grande place parmi les inventions modernes. On s’assurera de l’importance que peut acquérir l’aérostation dirigée dans cette voie par une rapide énumération des faits principaux sur lesquels les voyages aériens pourraient jeter quelque lumière.

La véritable loi de la décroissance de la température dans les régions élevées de l’air est encore, on peut le dire, ignorée. Théodore de Saussure a essayé de l’établir à l’aide d’observations comparatives prises sur la terre et sur des montagnes élevées, telles que le Rigi et le Col du Géant. Des observations pareilles, prises dans les Alpes, ont encore servi d’élémens à ses recherches ; mais toutes les observations recueillies de cette manière n’ont amené aucune conséquence générale susceptible d’être exprimée par une formule unique. D’après les expériences de Saussure, la température de l’air s’abaisserait de un degré à mesure que l’on s’élève de cent quarante à cent cinquante mètres dans l’atmosphère ; les observations prises dans les Pyrénées ont donné un degré d’abaissement pour cent vingt-cinq mètres d’élévation ; et, dans son ascension aérostatique, M. Gay-Lussac a trouvé le chiffre de un degré pour cent soixante-quatorze mètres d’élévation. On voit quelle différence et quel désaccord tous ces résultats présentent entre eux. Il est évident que la loi de la décroissance de la température dans les régions élevées pourra être fixée avec une très grande facilité et avec certitude par des observations thermométriques prises au moyen d’un aérostat à différentes hauteurs dans l’atmosphère. En multipliant les observations de ce genre sous diverses latitudes, à différentes saisons de l’année, à différentes heures de la nuit et du jour, on arrivera sans aucun doute à saisir la loi générale de ce fait météorologique.

On peut en dire autant de ce qui concerne la loi de la décroissance de la densité de l’atmosphère. La détermination exacte du rapport dans lequel l’atmosphère décroît de densité à mesure que l’on s’élève dépend de deux élémens : la décroissance de la température et la diminution de la pression barométrique. Des observations aérostatiques peuvent seules permettre d’établir ces élémens sur des bases expérimentales dignes de confiance, Les physiciens n’accordent, à bon droit, que très peu de crédit à la loi donnée par M. Biot relativement à la décroissance de la densité de l’air, car cette loi n’est calculée que sur quatre ou cinq observations prises dans les ascensions aérostatiques de il M. de Humboldt et Gay-Lussac. C’est en multipliant les observations de ce genre et en se plaçant dans des conditions différentes de latitudes, d’heures, de saisons, etc, qu’on pourra la fixer d’une manière positive. Ajoutons que ce résultat aurait d’autant plus d’importance, qu’il fournirait une donnée certaine pour mesurer la véritable hauteur