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« L’assistance publique moralisée, ennoblie, substituée à l’aumône qui dégrade l’homme et asservit le citoyen ;

« Chaque peuple disposant librement de lui-même, chaque race maîtresse souveraine de son territoire. »

Le budget indiqué dans ce compte-rendu de la montagne tend évidemment, comme celui de M. Pelletier, à la destruction des recettes et à l’exagération des dépenses publiques. Il y a là de quoi réduire le revenu du trésor à zéro, et de quoi élever ses déboursés annuels à trois ou quatre milliards. Ce manifeste consacre, dans l’intérêt de chaque citoyen, le droit au crédit, le droit au travail et le droit à l’assistance ; est-ce trop d’un milliard pour défrayer les largesses qu’entraînerait chacun de ces droits ? Encore n’avons-nous pas compris dans le budget montagnard les frais de cette propagande extérieure qui n’est qu’une autre forme de la conquête. Les vues financières du socialisme, à moitié dissimulées ici sous l’enveloppe emphatique du langage officiel, se précisent davantage dans les publications d’un exilé qui n’a pas de situation à ménager. Voici ce qu’on lit dans le Nouveau-Monde du 15 juin :

« Si le socialisme arrivait au pouvoir, voici ce que le socialisme ferait :

« Il attacherait une indemnité à l’exercice des fonctions de juré.

« Il introduirait dans l’administration de la justice cette gratuité sans laquelle l’égalité devant la loi est un mensonge.

« Il rendrait l’éducation commune, gratuite, obligatoire ; par l’enseignement, il hâterait l’heure désirée où chacun, dans l’atelier social, sera employé non plus d’après le hasard de sa naissance, mais suivant les indications de la nature.

« Il changerait complètement les bases de la répartition de l’impôt, et au système actuel il substituerait, par l’établissement d’un impôt unique, le régime de la proportionnalité des charges.

« Son but, sa volonté, sa passion étant d’extirper la misère, de détruire le prolétariat, d’affranchir le travail, d’élever l’homme du peuple de la condition de salarié à celle d’associé, il aurait besoin pour cela d’un budget spécial, et il le formerait par la concentration aux mains de l’état des bénéfices énormes que dispersent aujourd’hui aux mains de quelques privilégiés la Banque, les chemins de fer, les mines, les assurances.

« Il créerait des bazars et entrepôts sociaux où seraient admis des produits en échange desquels seraient délivrés des récépissés transmissibles par endossement, pouvant faire office de papier-monnaie, et destinés à augmenter la masse des valeurs circulantes.

« En substituant à la commandite du crédit individuel la commandite du crédit de l’état, il fraierait les voies au régime de l’association universelle, lequel revient à la gratuité du crédit pour tous.

« Afin de sauver des effets du morcellement l’agriculture agonisante, afin de sauver de la concurrence l’industrie, que la concurrence transforme en combat meurtrier, il créerait, eu égard aux ressources dont le budget du travail lui