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s’engageait. Bientôt des événemens graves vinrent fournir à l’Autriche un nouveau moyen de provoquer la Prusse et de nier d’une façon éclatante la souveraineté qu’elle s’arrogeait sur les affaires d’Allemagne. Ici, c’était la querelle des duchés et du Danemark ; là, l’insurrection pacifique de l’électorat des duchés et du Danemark ; là l’insurrection pacifique de l’électorat de Hesse contre un ministère imprudent et odieux. Qui allait intervenir au nom des intérêts allemands ? A qui appartenait le droit d’arrêter cette déplorable guerre du Schlesvig, de régler les conditions de la paix ? Ce fut la diète qui s’empara résolument de ce droit, la diète de 1815 ressuscitée par M. de Schwarzenberg, la diète que M. le comte de Thun présidait au nom de l’Autriche. Il en fut de même dans la Hesse ; lorsque le cabinet de Vienne prenait parti pour M. Hassenpflug contre les plaintes, trop légitimes d’un peuple tout entier, contre les chambres, contre les tribunaux, contre l’armée elle-même ; quel était le secret de cette conduite ? Le désir de pousser la Prusse à bout. Une occasion s’offrait pour la diète de faire. Acte d’autorité ; on la saisit avec joie. Ce malheureux pays de Hesse payait les frais de cette lutte engagée par l’ambition de la Prusse et si vivement soutenue par l’intrépidité du cabinet de Vienne. La diète ordonnait à l’Autriche de jeter ses troupes dans l’électorat, d’y ramener le souverain qui avait cru devoir prendre la fuite, de soumettre enfin toute une population rebelle. On peut deviner aisément, dans de telles circonstances, l’humiliation de Frédéric-Guillaume et les justes colères de l’esprit public. C’était donc là le résultat de tant d’efforts ! Des discussions embrouillées au parlement d’Erfurt, quelques vides et vaines séances du collége des Princes à Berlin, voilà ce qu’avait produit l’union restreinte ! Et pendant ce temps-là M. de Schwarzenberg avait agi, le gouvernement autrichien avait relevé l’ancien pouvoir fédéral, il y avait repris sa place et parlé en maître ! Les conseillers de Frédéric-Guillaume étaient plus divisés que jamais ; on passait de l’irritation à l’abattement et de la témérité à la prudence extrême. En vain la Prusse, par des concessions inattendues, espérait-elle fléchir l’Autriche ; en vain l’union restreinte se faisait-elle tout humble, toute modeste, demandant pour seule faveur le droit de se constituer dans le sein même de la diète de 1815 de former un groupe plus étroitement uni au milieu de la grande confédération. — Non, non ! répondait l’Autriche, et, en poussant avec vigueur les affaires de Hesse, elle voulait obtenir l’abandon complet, la dissolution définitive de l’union prussienne. Quel parti prendre ? se résigner tout-à-fait ou appeler aux armes ? Telles étaient les cruelles incertitudes de Frédéric-Guillaume IV, lorsqu’on apprit tout à coup, le 26 septembre 1850, que M. de Radowitz remplaçait M. de Schleinitz au ministère des affaires étrangères.

La surprise fut universelle. Dans un pays tout agité par les craintes