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d’une partie, de la dette flottante en dette fondée, l’aggravation des impôts existans et la création de nouvelles taxes, la réduction de l’effectif militaire, tous les moyens ont été employés, non pas certes pour rétablir l’équilibre, mais pour diminuer la distance énorme qui séparait les dépenses des recettes ; néanmoins on doit s’attendre à un déficit considérable pour les exercices 1850 et 1851. L’Allemagne, avec des budgets dont les recettes représentent à peine 1 milliard, ne peut pas tenir régulièrement sur pied un million de soldats -sans marcher à la révolution ou à la banqueroute[1].

Parmi les grandes puissances de l’Europe, la France et l’Angleterre sont aujourd’hui les seules qui aient des finances solides et auxquelles il ait été donné jusqu’à cette heure de porter, sans fléchir le poids de leurs embarras. Cependant les deux gouvernemens rencontrent, dans le règlement des budgets, des difficultés qui ont amené déjà, de l’autre cité du détroit, la retraite momentanée du ministère, et qui, de ce côté de la Manche, pèseront infailliblement sur la formation d’un cabinet définitif. En France, c’est de la situation politique et des dispositions des partis que viennent les obstacles : la crise qui plane sur nos têtes ne nous permet pas de pousser plus loin la réduction de l’effectif qui est la seule économie sérieuse, et d’un autre côté elle arrête l’essor du revenu publie. Sans la perspective de 1852, nous aurions déjà liquidé les legs désastreux de 1848, et la dette flottante, au chiffre qu’elle atteint, n’inspirerait d’inquiétude à personne ; mais, devant une élection qui peut être une révolution, la sève du crédit se fige, et les besoins de la consommation se restreignent. Les finances, dans un temps pareil, se subordonnent à la politique, et l’équilibre du budget ordinaire, dépend du degré de sécurité que les pouvoirs établis par la constitution elle-même assurent au pays.

En Angleterre, la crise éclate au milieu de l’abondance. L’année. 1850 à laissé dans les mains du chancelier de l’échiquier un excédant de recette d’environ 45 millions de francs. Que fera-t-on de cette somme ? Il n’y aurait rien de plus raisonnable, assurément, que de l’appliquer à l’amortissement de la dette publique. Le budget de la Grande Bretagne est, de tous les budgets, celui que la liquidation du passé surcharge dans la proportion la plus forte. Sur un total de

  1. millions
    Le revenu de l’Autriche en 1849 a été de 373
    " la Prusse a été évalué pour 1859 à 342
    " la Bavière représente environ 50
    " Bade 43
    " la Saxe royale 28
    " du Wurtemberg 24
    " du Hanovre 27
    " des autres états environ 63