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de la pléiade. L’Histoire littéraire du Maine est encore un de ces livres, malheureusement trop rares aujourd’hui, qu’on peut indiquer tout à la fois comme une source de documens précieux pour l’histoire générale du pays et comme un modèle pour les monographies de province.

La Société des antiquaires de l’ouest, dont le siège est à Poitiers et qui compte aujourd’hui cent quatre-vingt-six membres, a publié depuis 1834, époque de sa fondation, treize volumes de Mémoires, un bulletin trimestriel, une excellente table chronologique des chartes contenues dans les manuscrits du bénédictin dom Fontenau, historiographe du Poitou, et une édition du Cartulaire de saint Hilaire de Poitiers, restitué d’après les copies de dom Fontenau et les titres originaux des archives de la Vienne ; de plus, elle a fondé, concurremment avec la ville de Poitiers, un musée celtique ; qui a été savamment décrit par M. Lecointre Dupont. Les sujets traités dans les Mémoires de cette laborieuse association sont variés et bien choisis. MM. de la Fontenelle de Vaudoré, Mangon de Lalande, Redet, archiviste du département de la Vienne, de Chergé, Fillon, en ont été les collaborateurs les plus assidus, et nous félicitons MM. les antiquaires de l’ouest de ne s’être point circonscrits dans les matières exclusivement archéologiques. Les Études de M. Boulmier sur les poètes latins du Poitou, les Mémoires de M. Alloneau sur la campagne du prince de Galles dans le Languedoc, l’Aquitaine et la France, et la bataille de Montcontour ; l’Essai de M. de Saint-Hippolyte sur les batailles de Voulon, Poitiers et Manpertuis ; les Recherches de M. l’abbé Cousseau sur la liturgie de l’ancien diocèse de Poitiers, recherches dans lesquelles l’auteur s’attache à prouver que saint Hilaire est le véritable auteur du Te Deum ; les observations de M. Redet sur les noms de lieux dans la Vienne ; l’Essai sur les lanternes des morts, de M. de Chasteigner, sont des travaux qui joignent à l’exactitude le mérite de l’originalité, en ce sens qu’ils peuvent apporter à l’histoire générale quelques élémens nouveaux. Les archéologues ressemblent trop souvent aux moutons de Panurge, et, comme eux, ils se suivent à la file dans les mêmes sentiers ; il faut donc encourager les efforts de ceux qui tentent de se frayer des voies nouvelles, et qui s’attachent de préférence à des questions inexplorées. Or, parmi ces questions, figure au premier rang l’histoire des guerres du moyen-âge, car cette histoire écrite, soit par des érudits qui n’entendaient rien à la tactique, soit par des tacticiens étrangers à l’érudition, est encore presque tout entière à faire. La connaissance des localités et les traditions toujours vivantes sur le théâtre des grandes actions militaires expliquent d’ailleurs bien des faits omis ou défigurés dans les livres écrits à distance, et nous ne saurions trop engager les membres des sociétés savantes à suivre l’exemple de MM. Alloneau et Saint-Hippolyte[1].

La monographie la plus importante dont la ville de Poitiers en particulier ait été l’objet est due à M. l’abbé Auber : elle est relative à la cathédrale de

  1. On trouve encore dans cette partie de la France, parmi les publications récentes, la réimpression de la Bibliothèque historique du Poitou, de Dreux-Duradier, qui se compose de huit volumes, et a été continuée jusqu’en 1849 par M. de Lastic-Saint-Jal ; une Notice sur le palais des comtes de Poitou, aujourd’hui le palais de justice de Poitiers, par M. Ch. Jeannel, et les Chroniques populaires de la même province, depuis les Gaulois jusqu’à l’an mille, par M. Le Touzé de Longuemar.