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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 juin 1851.

Il faut bien tout d’abord que nous parlions encore de la révision. Malgré l’éclat du tournoi parlementaire qui a, ces derniers jours, suspendu les autres rumeurs et distrait agréablement l’assemblée nationale des excitations nerveuses qu’elle ne sait plus guère surmonter, c’est la grande difficulté de la révision qui domine toujours le fond de notre état politique. C’est dans les bureaux de la commission chargée d’examiner les pétitions et les propositions de ceux qui veulent réviser notre pacte constitutionnel, c’est dans les discours ou dans l’attitude des différens commissaires que nous devons chercher tout ce qui fait aujourd’hui l’intérêt le plus sérieux, l’aspect le plus essentiel du moment où nous sommes.

Nous avons déjà trop longuement débattu la thèse de la révision pour y revenir par surcroît ; nous ne rentrerons pas dans la doctrine de la question, mais nous ne pouvons nous dispenser d’en suivre l’histoire à mesure qu’elle traverse des phases nouvelles. Confessons-le sincèrement, nous doutons que les débuts de la révision dans le parlement aient été les meilleurs qu’on pût lui souhaiter, nous doutons que le parlement gagne beaucoup lui-même à donner au pays le spectacle des tiraillemens intérieurs qui neutralisent l’ascendant de la majorité ; mais nous ne doutons point, par exemple, que le pays n’ait beaucoup à souffrir, que sa fortune ne soit très compromise le jour où il sera publiquement avéré que sa législature est impuissante à modifier le statu quo d’où il espérait sortir.

On voit des gens, nous ne l’ignorons pas, qui ne s’inquiètent point autrement de cette impuissance de l’autorité légale en face d’une crise inévitable. Il leur est venu tout d’un coup une foi si complète dans le sens universel et dans l’inspiration des masses, qu’ils n’ont plus désormais besoin d’autre règle pour la conservation de la société, car ce sont des conservateurs, ne vous y trompez pas : ils recourent, il est vrai, le plus lestement du monde à la dialectique des révolutionnaires et des démagogues ; mais c’est pour le bon motif, et leur conscience est en paix. Aussi, lorsque par hasard (et ces hasards-là ne sont point,