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parti progressiste et des hommes tels que MM. Mon et Pidal, qui ne peuvent être dans l’opposition que par accident ? Le fait périlleux de la situation de l’Espagne subsiste toujours sans doute : c’est la division du parti modéré. À vrai dire, les longs discours sur le point de savoir quel est le véritable auteur de ces divisions ne nous semblent pas le moyen le plus propre à les faire cesser. Le cabinet de Madrid avait ouvert les cortès sans discours de la couronne, ce qui était peut-être le mieux pour l’expédition des affaires, mais ce qui ne fait pas malheureusement le compte des partis. Aussi les questions de confiance n’ont point tardé à être posées par voie directe. Il faut bien croire que la discussion était uniquement le but qu’on recherchait, puisque, le débat épuisé, une première motion a été retirée, — ce que voyant les amis du ministère ont repris cette motion pour amener un vote qui a été complètement favorable au gouvernement. Du reste, la lutte sérieuse ne s’engagera très probablement qu’à l’occasion du règlement de la dette, qui vient d’être de nouveau soumis au congrès. M. Bravo Murillo n’a rien changé à son projet. La France est trop intéressée dans une telle question pour ne point se préoccuper de la solution qui pourra se produire. Le ministère espagnol a également présenté aux cortès le budget de 1852. D’après le projet du gouvernement, toute dépense soldée, il resterait un boni de 37 millions de réaux qui seraient appliqués à combler les déficits des budgets de 1849, 1850 et 1851. Ce sont là les questions intérieures les plus graves pour la Péninsule. Au point de vue extérieur, l’Espagne est particulièrement engagée dans une question quia droit à la sollicitude de tous les gouvernemens du midi de l’Europe. Nous voulons parler des affaires de Portugal. Il y a lieu de croire que jusqu’ici les cabinets de Paris, de Londres et de Madrid ont*le même sentiment sur ces affaires ; les agens des trois puissances ont dû garder une attitude à peu près semblable. Si nous ne nous trompons, toute manifestation du dehors s’est arrêtée devant les déclarations réitérées du maréchal Saldanha, qui s’engage à faire respecter la couronne de la reine dona Maria ; mais il est évident que ce prétendu dictateur, qui a plongé son pays dans la plus triste anarchie, peut, d’un moment à l’autre, être dépassé par le parti septembriste, dont il subit les conditions. Ce jour-là, ce sera peut-être une question d’ordre européen de savoir jusqu’à quel point on laissera se perpétuer cette espèce de république aux mains de quelques soldats ambitieux et de quelques fanatiques vulgaires. Nous n’avons aucun goût pour les interventions ; nous comprenons cependant que l’Espagne pourrait justement s’alarmer d’un pareil voisinage. Le marquis de Miraflorès, ministre des affaires étrangères, a déclaré en effet devant les cortès que, si la monarchie était compromise en Portugal, il y aurait lieu pour le gouvernement espagnol d’aviser dans l’intérêt conservateur des deux pays. La France ne saurait refuser alors à l’Espagne tout l’appui de son influence.

ALEXANDRE THOMAS.


THÉÂTRE-FRANÇAIS. — Les Caprices de Marianne

Personne n’ignore que les Caprices de Marianne sont une des pièces les plus charmantes de M. Alfred de Musset[1]. Aussi n’entreprendrai-je pas d’analyser

  1. Les Caprices de Marianne se trouvent dans la Revue du 15 mai 1833.