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seroit quelque consolation. Je l’avois déjà mandé à M. le comte de Maure. J’ay eu assez d’industrie pour y estre depuis 15 jours sans que la royne l’ait seû. J’espère que cela pourra durer encore deux fois autant. Et comme je ne suis pas persuadée que M. le comte de Maure soit si utile à vos altesses qu’elle a la bonté de me le vouloir faire croire, je voudrois luy pouvoir ayder à mériter l’honneur qu’elle luy fait de parler de luy si avantageusement, et faire voir aussi à V. A. que je ne suis pas tout-à-fait indigne des grâces qu’il luy plaist de me faire de mon particulier ; personne ne pouvant être avec plus de passion et de respect que moi, etc… »

Je mets ici sans aucun ordre un certain nombre de petits billets de fort peu d’importance, écrits à Lenet[1] à Bordeaux même sur les affaires courantes. Ils montreront du moins quelle vie menait alors Mme de Longueville.

« J’ay receu une lettre du maréchal de Grammont par un gentilhomme qu’il m’a envoié, par laquelle il m’a demandé un passe port pour aller à Paris. Je pense qu’il n’y a aucune difficulté à luy faire cette civilité-là. »

« Je prie M. Lesnet d’emprunter jusques à la somme de quatre-vingt mille livres pour employer aux affaires pressées de la guerre. »

« Le sieur Levaschet rembourscera sans autre ordre que celuy-cy les sommes qui sont deues pour le finito de son compte rendu le dix neufviesme, comme aussy celles qu’il a fournies par nos ordres depuis ce temps, et celles que M. de Marsin aura avancées pour le pain de munition et autres despenses pressées, le tout sur le premier argent d’Espaigne. »

« Il[2] ne faut point monstrer la lettre que vous m’envoiés, et je pense seulement qu’il est nécessaire que je mande à mon frère[3] que vous me l’avés envoiée, mais que, comme il n’y a rien que ce qui concerne l’affaire de M. de Gondrin et de vous, je n’ay pas jeugé qu’il fallut l’importuner de cette lecture, et que M. mon frère[4] vous mande qu’il est satisfait de vous sur cela. J’adjouteray encore quelques bagatelles sur le baptesme de mon nepveu et ce qu’il mande de Provence. Adieu, mon cher, je suis fort fâchée de vostre mal.

« Le bruit est grand qu’on a investy Blaye. Je vous prie de me mander d’où cela peut venir, et sy cela ne retardera point la chose que vous sçavés. J’en suis en toutes les peines du monde. Vous sçavés ce qui vient d’arriver à M. d’Audrant. Le P. d’Affis[5] est reclus. Si vous

  1. Ils sont tous signés Anne de Bourbon sur les originaux parmi les papiers de Lenet.
  2. Papiers de Lenet, t. XXV.
  3. Le prince de Conti, auquel on ne disait pas tout.
  4. Le prince de Condé.
  5. Le président Daphis ; voyez Lenet, t. II, p. 108.