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les recettes fabuleuses des sociétés protestantes, la nouvelle association vit son avenir assuré. Près de 500,000 francs furent affectés par le conseil central à l’entretien des missions répandues sur le vaste territoire de la Chine et de la Tartarie, dans la Cochinchine et dans le Ton-king, dans le royaume de Siam et dans la presqu’île de Malacca, des montagnes du Thibet aux frontières de l’Inde anglaise.

En Chine, cinq ordres religieux s’étaient partagé et se partagent encore les travaux de l’apostolat : les franciscains, les dominicains, jésuites, les lazaristes et les prêtres des Missions étrangères. Quatre-vingts missionnaires et cent trente prêtres indigènes parcouraient dix diocèses, dont le moindre était plus étendu que la France. Chaque diocèse était administré par un vicaire apostolique, évêque in partibus, assisté quelquefois d’un évêque-coadjuteur. Au conseil de la Propagande, dont les membres résidaient à Rome et étaient nommés par le saint-siège, appartenait la direction générale des missions ; aux divers ordres religieux, la disposition des ressources qu’ils devaient à la piété des fidèles. Les missionnaires portugais avaient conservé la province de Canton ; les Espagnols avaient le Fo-kien, ravagé en 1837, par la persécution ; les Italiens occupaient le rude territoire du Shang-tout, et du Chan-si, le Hou-kouang, souvent désolé par la famine, le Kiang-nan, province riche, pacifique et pleine d’avenir. C’est dans le Kiang-nan qu’acceptant la juridiction d’un prélat italien, les pères de la compagnie de Jésus étaient venus réclamer les débris de leur héritage. Depuis la destruction de cette célèbre société, les enfans de saint Vincent de Paule avaient succédé aux jésuites dans le diocèse de Pe-king. Ils donnaient des évêques au Ho-nan, au Che-kiang, au Kiang-si. L’établissement des Missions étrangères, fondé en 1663, sous le règne de Louis XIV, illustré par de nombreux martyrs et l’éclat non interrompu de ses longs services, supportait seul le fardeau de quatre vicariats apostoliques : le Su-tchuen, livré aux angoisses de la misère et de la faim ; le Yun-nan, malsain et marécageux ; le Kouei-tchou, où l’Évangile pénétrait pour la première fois ; le Leau-tong au climat de fer. Dans le royaume annamite, une décision pontificale avait partagé le Tong-king en deux vicariats, l’un à l’orient, l’autre à l’occident. Le premier, qui confine à la Chine, était entre les mains des dominicains espagnols ; le second, ainsi que le vicariat de la Cochinchine et Camboge, avec le vicariat tout récent de la Corée, était confié à la société qu’on était sûr de trouver au premier rang dans cette œuvre d’abnégation à la société française des Missions étrangères ?

Outre le clergé indigène, les missionnaires avaient encore de précieux auxiliaires dans les catéchistes chinois. De ces catéchistes, les uns, astreints au célibat, accompagnaient les prêtres européens dans le cours de leurs visites, ou parcouraient eux-mêmes les districts éloignés