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MIRABEAU


ET


LA COUR DE LOUIX XVI.




Je ne veux pas faire ici une histoire ou un portrait de Mirabeau. Il y a en lui trois ou quatre personnages divers : il y a le fils qui lutte contre son père ; il y a l’aventurier littéraire et politique ; il y a l’amant de Mme Monnier et le prisonnier de Vincennes ; il y a l’écrivain ; il y a enfin l’homme politique de 89 à 91, et encore ici l’homme est double, car l’orateur révolutionnaire de l’assemblée constituante n’est pas le même que le conseiller secret de la monarchie. Je ne veux étudier aujourd’hui dans Mirabeau que ce dernier côté de l’homme politique.

Ici d’abord vient une question : de l’orateur révolutionnaire de l’assemblée constituante ou du conservateur secret de la monarchie, quel était le vrai Mirabeau ? Mirabeau voulait-il la révolution comme il la préconisait à la tribune, ou la monarchie, dont il était le conseiller dans ses notes secrètes ? Quant à moi, je n’ai aucune incertitude à ce sujet : je crois que Mirabeau voulait sincèrement la monarchie, et, à mes yeux, le Mirabeau des notes secrètes est le vrai Mirabeau. De plus, je, prétends qu’entre ses discours de tribune et ses notes au roi, il n’y a pas de différences fondamentales. Le langage varie ; la pensée est la même, à prendre l’homme dans l’ensemble de ses discours et de ses