MM. Lainé et de Villèle. L’un des vœux les plus ardens de la faction était de reconstituer le clergé sur ses anciennes bases, d’en faire un corps indépendant de l’état, pour qu’il arrivât bientôt à dominer l’état. On revint au projet (de 1816) de lui constituer une dotation inaliénable, et d’abord de faire accroître au budget du clergé les pensions ecclésiastiques à mesure de leur extinction. M. Royer-Collard se chargea de repousser cette nouvelle attaque; il traça la situation du clergé dans la société nouvelle. « L’alliance entre l’état et le clergé, dit-il, consiste en ce que, de la mission divine du prêtre, l’état fait une magistrature sociale, la plus haute de toutes, puisqu’elle a pour fonction d’enseigner la religion. Le prix de l’alliance, qu’on excuse cette expression nécessaire, est la protection. La condition, c’est que le prêtre restera dans le temple, et qu’il n’en sortira point pour troubler l’état. Voilà la matière de tous les concordats... Une religion est-elle exclusive ou même dominante? on peut être assuré que ses ministres seront riches et grands dans l’état, qu’ils exerceront une vaste domination, et qu’ils interviendront sans cesse dans la vie civile pour la soumettre à la loi ecclésiastique... La liberté de conscience est irrévocablement établie par la charte; la religion catholique a cessé d’être exclusive, elle n’est pas même dominante... La condition des ministres de la religion catholique est nouvelle, surtout en ce qu’ils sont placés, à l’égard des cultes chrétiens, sous la loi de l’égalité, à l’égard de la société, sous la loi de la liberté de conscience... Sous des formes bénignes, le concordat de 1817 cachait la contre-révolution dans le clergé. Je juge la révolution aussi sévèrement qu’il convient et que la justice l’exige; mais je ne crois la contre-révolution bonne ni permise nulle part... Des traitemens fixes ont remplacé les dotations territoriales. Ainsi le clergé catholique est une magistrature légale, instituée sur les mêmes bases et le même plan que l’ordre judiciaire[1]. »
Ce discours fit rejeter les propositions du ministère; mais la faction de droite, loin de ralentir ses entreprises, les pressait et les multipliait. Le cabinet de M. de Richelieu lui avait ouvert ses rangs; bien qu’elle y vît ses membres les plus illustres, elle se lassait de partager le pouvoir avec quelques modérés, et elle le voulait sans partage. Des gens qui avaient rédigé une note secrète pour essayer de retenir les troupes alliées, et qui avaient réclamé contre l’affranchissement de la France, reprochèrent au ministère de ne pas garder assez d’indépendance à l’égard des gouvernemens étrangers. Dans la session qui s’ouvrit à la fin de 1821, l’un des membres de l’opposition de droite, M. Delalot, proposa d’insérer la phrase suivante dans la réponse au discours de la couronne : « Nous nous félicitons, sire, de vos relations
- ↑ Discours du 15 mai 1821.