de la monarchie, l’avènement de la république fédérative des provinces méridionales.
Ce fut dans cette situation que la nouvelle des événemens de juillet vint surprendre les partis. Le clergé redoutait qu’une révolution ne jetât la Belgique dans les bras de la France, insurgée contre la congrégation et les jésuites. Le parti patriote ou libéral, qui, rêvait une république fédérative, vit d’un mauvais œil l’établissement de la monarchie de juillet. Les chefs des partis interrompirent leurs menées ; mais il était trop tard : les masses, qu’ils avaient agitées, travaillées par des émissaires venus de Paris, commencèrent à se remuer. Le jour anniversaire de la naissance du roi, le 26 août 1830, vit éclater à Bruxelles une insurrection dont les détails et les résultats sont trop connus pour que nous ayons à les exposer ici. On sait quelle fut la noble et loyale conduite du prince d’Orange dans ces difficiles circonstances. Il se rendit seul au milieu de la ville insurgée, et obtint des autorités de la ville des propositions qu’il se hâta de porter à La Haye ; mais, pendant son voyage, pendant les hésitations des états-généraux, appelés à délibérer sur les propositions de Bruxelles, l’insurrection, un moment apaisée, se réveillait dans cette ville avec plus de force. Les troupes hollandaises, commandées par le prince Frédéric, qui dans cette circonstance montra une indécision fâcheuse se retiraient après une lutte sanglante contre les volontaires belges. En allant à Londres pour invoquer l’intervention des puissances signataires des traités de 181 5, le prince d’Orange proclamait à Anvers d’importantes concessions qu’on désavouait plus tard à La Haye. À peine aussi, quittait-il Anvers, que le général Chassé lançait des bombes sur la ville, et précipitait par son impatience belliqueuse le dénoûment du drame. Les boulets hollandais qui tombèrent dans la riche cité flamande brisèrent du même coup le sceptre et la couronne de la maison de Nassau-Orange, et le congrès national, convoqué à Bruxelles, prononça l’exclusion à perpétuité de tous ses membres.
Le bombardement d’Anvers avait paru d’autant plus odieux aux Belges, qu’ils l’imputaient à une rancune commerciale : c’était Rotterdam, c’était Amsterdam qui brûlaient les riches entrepôts de la reine des Flandres et se vengeaient de sa prospérité de quinze ans. Aujourd’hui la trace des bombes est effacée, les maisons d’Anvers ont réparé le sanglant sillon creusé par les obus du général Chassé ; mais le démembrement du royaume des Pays-Bas a porté à la ville flamande le coup le plus terrible. Rotterdam et. Amsterdam se sont relevées à ses dépens : les rues d’Anvers sont tristes et désertes, les chantiers sont inoccupés ; le port est sans vie et sans mouvement. Les étrangers n’y viennent plus que pour admirer les merveilles de l’art flamand, les belles toiles de Rubens et la masse imposante de la cathédrale, dont la