Si nous avons raconté avec quelque détail ce long débat et les événemens qui l’on précédé, c’est qu’il contient l’origine de la crise financière dont l’heureux dénoûment a préparé la situation actuelle en Hollande. Les sacrifices de ce royaume, nécessités par les lenteurs de la diplomatie européenne avaient été considérables. Après a voir accueilli avec enthousiasme la nouvelle de l’acceptation du traité de Londres par le roi, le pays ne put se défendre d’un sentiment pénible. Le moment était venu de faire le bilan des années qui s’étaient écoulées depuis 1830. Que devenait l’indemnité du Cap et des colonies gardées par l’Angleterre ? Où était l’indemnité, de la dette énorme dont le pays s’était chargé ? Il perdait pour toujours 64 millions de florins que pendant huit ans il avait continué à payer pour le compte belge. Il fallait reporter au grand livre 3,400,000 florins de rentes annuelles, dont le trésor belge venait d’être exonéré par la conférence. L’état de guerre avait augmenté les dépenses ordinaires, d’après les estimations les moins élevées, de 15 millions par an, ou d’un ensemble de 120 millions de florins. Ajoutez les pertes qu’avaient occasionnées au commerce les mesures coercitives de l’année 1832, et enfin toutes celles que lui avaient imposées ces armemens prodigieux, dont il avait entrevu trop tardivement la réduction ; bien des fois annoncée et toujours ajournée.
Tels n’étaient pas toutefois les seuls sacrifices que cette position avait commandés au pays ; il en existait d’autres, secrets, cachés, qui avaient échappé au contrôle des états généraux et à la connaissance du public. Depuis 1830, l’administration financière avait marché dans une voie funeste. Cependant les états généraux étaient peu à peu devenus sévères pour elle ; l’annonce de nouveaux projets de crédit à l’ouverture de la session de 1838 n’avait été accueillie qu’avec une répugnance marquée. Cette fois encore ; le gouvernement avait triomphé des résistances parlementaires. La demande des crédits avait été accompagnée d’une communication officieuse qui garantissait l’adhésion du roi aux vingt-quatre articles. Les états avaient aussitôt voté rapidement les crédits extraordinaires pour l’armée et la flotte ; mais, à la surprise générale, ils avaient rejeté le projet d’une émission de 60 millions de rentes destinés à couvrir de grands travaux publics. Ils répondaient que le moment de ces grands travaux ne leur paraissait pas encore venu. La session suivante, celle de 1839 à 1840, eut un caractère plus sérieux. Les questions soumises à la conférence de Londres étaient définitivement tranchées. Il s’agissait d’adopter une politique appropriée à la situation nouvelle qui était faite, à la Hollande. Ce fut alors qu’une soudaine lumière fut jetée sur des germes de ruine qu’il était impossible désormais de dissimuler.
Le discours du trône, après les assurances ordinaires sur l’état satisfaisant, du pays, sur la prospérité croissante des colonies, sur le maintien