tution aussi démocratique que la constitution belge, du corps qui y a été placé pour servir de contre-poids aux entraînemens de la démocratie. La chambre des représentans a, de son côté, pris à tâche de ne point envenimer le conflit. Elle a modifié son adresse autant qu’il était nécessaire pour ménager la position du sénat. Ainsi l’adresse disait d’abord : « Il n’a dépendu ni de votre majesté ni de nous que la dernière session ne fût plus fructueuse encore. » Sur la proposition de M. Rogier, ce reproche, qui atteignait indirectement le sénat, a été effacé. On a de même renoncé à une phrase qui comportait également un sens agressif : « La chambre des représentans, émanation la plus libre et la plus large des corps électoraux. » En un mot, on a voulu sincèrement suivre les conseils de la couronne et relever plus haut que jamais la devise belge : L’union fait la force ! Ce sont là les sentimens qui remplissent tous les cœurs en Belgique, et il suffit de connaître un peu le pays pour être sûr que l’immense majorité de la population se rallie du fond de l’ame à ces belles paroles de l’adresse des représentans : « L’avenir nous cache peut-être de grandes difficultés ; mais il n’en est pas que ne puisse vaincre un peuple uni dans un même amour pour son indépendance et appuyé sur une dynastie populaire. Votre dynastie, sire, quoique jeune encore, a jeté, par le bien qu’elle a fait, des racines profondes et indestructibles dans le cœur de la nation belge. »
Le ministère danois a été récemment modifié par la retraite de deux de ses membres les plus importans, M. de Moltke et M. de Reedtz. Nous désirons appeler quelque attention sur cette crise intérieure, qui est restée ici assez obscure et qui doit cependant avoir sa place au milieu des complications contemporaines. Les partis en Danemark ne sont pas seulement des partis politiques divisés sur des questions sociales ou sur des principes de gouvernement ; ils sont, si l’on peut s’exprimer ainsi, des partis territoriaux divisés par des questions de frontières et par des doctrines de race. D’un côté, toutes les fractions qui composeraient la droite, selon le vocabulaire des états occidentaux, s’accordent pour conserver au royaume danois la plus grande étendue possible, en lui gardant, fût-ce comme une annexe presque indépendante, la souveraineté plus ou moins nominale des deux pays de Schleswig et de Ilolstein. D’autre part, toutes les fractions de la gauche et du centre s’entendent sur un point tout opposé, à savoir que la vraie limite du Danemark est l’Eyder, que le Schleswig se trouve ainsi incorporé de droit à la monarchie danoise, qu’il n’y a point à chercher d’autres rapports avec le Holstein que des rapports purement fédéraux. On al)andonnerait ainsi complètement le Holstein aux influences allemandes, mais on rattacherait davantage le Schleswig au Danemark, et l’on romprait cette espèce de solidarité qui les enchaîne l’im à l’autre vis-à-vis de l’Allemagne, parce qu’ils sojit unis sous une même administration intérieure, quoique le Holstein soit seul représenté à la diète de Francfort comme portion intégrante du corps germanique. On consentirait même, avec assez d’indifférence, à perdre le Holstein, qui n’est pas du tout danois, si l’on gagnait seulement en échange le droit d’effacer ou d’exclure tout ce qu’il y a d’allemand dans le Schleswig, et d’incorporer la province entière au royaume sans plus laisser subsister de trace des anciennes distinctions. Le parti du « Danemark jusqu’à l’Eyder » avait déjà obtenu de nombreuses satisfactions depuis la fin de la guerre : les lignes des douanes avaient été supprimées entre le Schleswig et le Danemark ; les impôts étaient