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premières convictions, fidèle à la reine qu’il avait juré de servir et de défendre. Envoyé sur les côtes méridionales de l’Afrique pour y réprimer la traite des noirs, il se montra encore à la hauteur de cette délicate mission et sut imposer le respect des couleurs portugaises aux croiseurs britanniques, trop portés, dans l’excès de leur zèle, à fouler aux pieds cette vieille gloire. En arrivant à Macao, il trouva le port désert, le trésor vide, les soldats découragés et sans solde. Sur sa proposition, la franchise du port fut immédiatement proclamée par le gouvernement portugais. Les navires et les produits étrangers furent admis à Macao aux mêmes conditions qu’à Hong-kong et à Singapore. La douane chinoise;, habituée à fonctionner sur les quais portugais comme sur une portion du territoire céleste, dut se borner désormais à prélever sur les marchandises sortant des entrepôts des droits qui, acquittés ainsi à l’avance, assuraient à ces marchandises un libre débarquement à Canton.

Dès le début de son administration, Amaral eut à combattre à la fois les protestations des mandarins et l’opposition du corps municipal qui, sous le nom de sénat, avait jusqu’alors partagé avec le gouverneur de Macao l’autorité suprême; mais il fallut que toutes les résistances ployassent devant cette ferme volonté que les nécessités publiques investissaient des honneurs périlleux de la dictature. Le revenu des douanes avait été de tout temps la seule ressource de la colonie. En décrétant la franchise du port, il était nécessaire de subvenir aux dépenses de l’établissement par de nouveaux impôts. Amaral promit d’y pourvoir. Il ne voulut point accepter la concession de Macao, telle que l’avaient faite des empiétemens successifs : il revendiqua dans leur intégrité les droits qu’après la dispersion des pirates qui infestaient jadis l’embouchure du Chou-kiang, le Portugal avait obtenus de la reconnaissance de l’empereur Kang-hi. Moyennant le paiement d’une rente de 500 taëls (3,750 francs), la péninsule de Macao devait appartenir tout entière au gouvernement portugais. Les Chinois avaient eux-mêmes marqué les limites de cette concession par l’établissement de la barrière élevée en travers de l’isthme qui relie cette péninsule montueuse à l’extrémité méridionale de la grande île de Hiang-shan. Au sud de cette barrière commençait le territoire portugais qu’avaient, grâce à la faiblesse des prédécesseurs d’Amaral, insensiblement envahi les tombeaux et les clôtures des sujets du Céleste Empire. On ne comptait dans Macao que cinq mille chrétiens, portugais ou métis; mais cette ville renfermait, avec les trois villages situés en-deçà de la barrière, une population d’au moins vingt-cinq mille Chinois. Cette population turbulente, gouvernée par un délégué subalterne du vice-roi de Canton, n’avait jamais subi le fardeau d’aucune taxe. Amaral refusa de l’affranchir des charges qui allaient peser sur la population chrétienne. L’impôt