coup plus sensés de l’union et de la fédération, Romains, Lombards, Toscans, Piémontais, se retrouvent aussi divisés, aussi jaloux les uns des autres qu’au temps de Machiavel. On revient donc, en Piémont autant qu’ailleurs, à l’esprit de particularisme comme disent les Allemands pour nommer chez eux le même penchant. On est bien d’ailleurs réduit à reconnaître que l’issue de la campagne de Lombardie et les insupportables allures de l’émigration tapageuse, qui se comporte à Turin comme en pays conquis, justifient trop cet inévitable retour aux traditions plus positives de l’ancienne politique piémontaise. Si cependant les Piémontais de la vieille roche ne veulent plus entendre parler d’italianiser le Piémont, ce n’est pas une raison pour se refuser à fortifier l’influence du Piémont dans toute l’Italie, en lui assurant les bons services dont s autres gouvernemens italiens croient plus habile de se priver. De ce point de vue, nous regretterions que de mesquines antipathies prévalussent contre un homme de mérite dont le plus grand tort est de n’être pas né Sarde, et dont l’élévation n’est pourtant pas, après tout, sans exemple à Turin. M. Farini succède à un Napolitain, M. Gioia, et il compte parmi ses collègues un Vénitien, M. Palcocapa, ministre des travaux publics.
Les interpellations de M. Brofferio ont été closes, cela va sans dire, par un ordre du jour pur et simple, voté à une écrasante majorité. L’opposition fait plus de bruit que de mal à la tribune du parlement piémontais, et nous ne devons pas mesurer l’importance qu’on lui accorde à la large place que sa rhétorique occupe dans les colonnes des journaux. Ce sont là les ennuis de la liberté politique ; nous sommes toujours d’avis qu’elle vaut bien qu’on l’achète même au prix de ces désagrémens. Ces médiocres désagrémens ne sont mortels qu’aux peuples dont le bon sens et le patriotisme sont encore plus médiocres. Dieu merci, ce n’est pas le cas du Piémont. Des bruits fâcheux avaient couru sur la santé du président du conseil. La blessure qu’il a reçue en 1848 au siège de Vicence s’est rouverte, et l’on craignait que le soin de sa santé ne le contraignît à quitter les affaires. Nous espérons que ces appréhensions ne sont point fondées. La retraite de M. d’Azeglio, même pour un motif étranger à la politique, serait un événement très grave et très fâcheux ; elle donnerait le signal d’un changement regrettable, en quelque hypothèse que ce soit, car elle amènerait la défaite de l’un ou de l’autre des deux partis, du parti conservateur ou du parti libéral que l’autorité d’un beau nom, d’un caractère bienveillant et impartial, réunit et maintient en équilibre dans le parlement comme dans le cabinet du roi Victor-Emmanuel.
Le roi de Hanovre est mort le 18 de ce mois, à l’âge de quatre-vingt-un ans. Cette longue carrière, dont il avait seulement passé la fin sur le trône, a été mêlée aux plus fameux événemens de notre époque ; l’histoire de ce prince tient essentiellement à toute l’histoire de l’Angleterre depuis les dernières années de l’autre siècle, à celle de l’Allemagne depuis tantôt quatorze ans. Ernest-Auguste, prince de Cumberland et de Teviotdale en Grande-Bretagne, comte d’Armagh en Irlande, roi de Hanovre après le décès de Guillaume IV, était le dernier survivant des fils de George III. Il avait eu beaucoup de part dans la confiance de son père, tant que celui-ci n’avait point perdu l’usage de ses facultés, et cette confiance lui avait été continuée par son frère George IV. Tout jeune encore, il servait dans les rangs de l’armée anglaise, lorsque commença