pour quelques variétés. La tôle est taxée à plus du double. Indépendamment du fer forgé, la fonte brute paie un droit élevé, et la fonte ouvrée, article dont il se consomme de grandes masses, est repoussée par la prohibition. Je serai au-dessous de la vérité si, ne comptant quel fer forgé, je dis que le système protecteur accu pour effet, depuis 1814, d’obliger les Français à payer cet article 200 francs en moyenne de plus que ce qu’il valait sur le marché général. Or, depuis 1814, la France a consommé plus de six millions de tonnes de fer forgé. Donc, depuis 1814, la France a payé le fer qu’elle a consommé 1,200 millions de plus qu’il ne valait. Ainsi le système protecteur a dans cet intervalle astreint le public à une contribution de plus de 1,200 millions pour une seule marchandise. 1,200 millions ! c’est presque le double de ce que les étrangers exigèrent de nous par les traités de 1815.
Et là-dessus, qu’est-ce qui est à rabattre de la richesse du pays ? Si ce n’était qu’un déplacement de richesse ; ce n’en serait pas moins une injustice ; car pourquoi prendre aux uns pour donner à d’autres qui n’ont aucun titre à rendre les premiers leurs tributaires ? Mais, du point de vue de la richesse nationale, c’est bien pis qu’un transport d’une poche dans une autre. Sur ces 1,200 millions, la majeure partie a été une perte sèche, tout comme si on l’eût prise au public pour la jeter à la mer. Sans doute, une certaine part des 1,200 millions est passée des mains des maîtres de forges dans les coffres de l’état par la hausse qu’ont éprouvée les coupes des forêts nationales, car le bois a monté en proportion des droits de douane ; une autre part a arrondi par la même raison les revenus des particuliers propriétaires de bois ; une troisième assez notable a grossi les bénéfices légitimes que les maîtres de forges intelligens, ceux surtout qui ont employé le charbon de terre, étaient fondés à attendre de leur travail. Ces trois fractions ont pu ne pas êtres perdues : elles ont pu servir à composer du capital ; elles l’auront fait si les contribuables ont capitalisé la somme que le revenu supplémentaire des forêts de l’état les a dispensé de fournir à titre d’impôts ; si les particuliers propriétaires de forêts et les maîtres de forges les plus distingués, qui, à la faveur du monopole, réalisaient de gros profits, ont eu assez d’empire sur eux mêmes pour ne pas dépenser plus qu’ils ne l’eussent fait dans ce qu’on est fondé a appeler l’état naturel des choses, où ils n’eussent pas eu ce revenu anormal ; mais une très grosse part de ces 1,200 millions, bien plus, de la moitié vraisemblablement, a été perdue, tout comme est perdu un navire qui fait naufrage, un édifice qui est brûlé, une moisson qui est hachée par la grêle.
C’est la somme qui a servi à maintenir en activité des usines arriérées, mal montées et mal dirigées, qu’on n’a pas pris la peine de mieux outiller et de mieux conduire, parce que, sous l’ombrage de l’arbre de la protection, on n’y était pas stimulé ; ou des usines très mal