Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 9.djvu/684

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marche de leurs colonnes : le chef carliste les envoyait souvent au milieu de la nuit, vers le bivouac ennemi pour réveiller coups de fusil les christinos, déjà harassés par les combats et la marche de la journée. Ceux-ci, croyant à une attaque nocturne, passaient, alors toute la nuit sous les armes. C’est par tous ces moyens que Zumala parvint à donner les proportions d’une guerre sérieuse à ce qui n’aurait été sans lui qu’une guerrilla inconsistante.

Valdès était venu en aide à ses deux lieutenans découragés ; mais il ne fut pas plus heureux qu’Oraa, et Lorenzo : il ne put jamais parvenir à entamer Zumalacarregui, malgré tous ses efforts et ses grands déploiemens de force. Devant ses insuccès et les attaques dont il était l’objet de la part des journaux de Madrid, il dut se retirer, comme son prédécesseur. Saarsfield ; Quesada lui succéda. Valdès disposait de douze mille hommes ; on en donna vingt mille à Quesada. Par cette augmentation successive de.forces, on peut comprendre quels progrès avait faits l’insurrection.

Quesada venait de pacifier la Vieille Castille, qu’il commandait comme capitaine général. Il avait déjà ouvert des correspondances avec les provinces insurgées, où ses antécédens royalistes lui avaient créé de nombreuses relations. Quesada, en effet, avait commandé en 1821 comme général apostolique ces mêmes insurgés qu’il venait combattre aujourd’hui comme général constitutionnel. Les principaux chefs de l’insurrection actuelle, Zumalacarregui, Eraso, Iturralde, Saraza, Gomez., Goñi, avaient servi sous ses ordres, et Quesada avait fait espérer au gouvernement de Madrid que ses anciens lieutenans reconnaîtraient sa voix et subiraient son influence. Ce fut là ce qui décida sa nomination au poste de général en chef de l’armée du nord à la place de Valdès.

Voici quelle était la position des carlistes au moment où Quesada ouvrit la campagne du printemps de 1834 : aux trois divisions de Linarès, d’Oraa et de Lorenzo ; fortes de dix mille hommes, Zumalacarregui avait à opposer les cinq bataillons de Navarre, les Guides et trois cents chevaux, en tout quatre mille hommes environ. Il correspondait en Guipuzcoa avec Guidebalde, qui avait trois bataillons à opposer aux peseteros et chapelgorris de Jauregui (El Pastor), si fameux par leurs déprédations et leurs excès ; en Alava et en Biscaye, il correspondait avec Uranga, Villaréal et Zavala, qui disposaient de dix bataillons contre les forces supérieures d’Espartero, d’Iriarte et d’Osma. Les christinos avaient en outre les garnisons des places fortes et deux corps d’observation sur l’Èbre et sur l’Aragon.

Quesada prit l’offensive en se portant sur Lumbier avec toutes ses forces. C’était dans les premiers jours de mars. Zumalacarregui engagea son adversaire à la poursuite de la division Eraso, qui se dirigea