steppe de la France. Nous pourrions encore citer la Rivière de Safsaf au soleil levant, e M. Frère, ressouvenir de Marilhat, les Vues de la forêt de Compiègne de M. Labbé, les paysage de Provence de M. Imer, ceux de MM. Hubert, Brissot de Warville, Grenet, Chaigneau, Hanoteau, Anastasi, Louis Leroy et Pascal, qui tous composent plus ou moins, dessinent ou ne dessinent pas, mais expriment en général un sentiment vrai des hamonies rustiques qu’ils communiquent au spectateur.
Dans cette même forêt de Fontainebleau, où M Rousseau pose les confins de son univers, M. Paul Huet a choisi deux motifs : la Butte-aux-Aires, et les Enfans dans les bois, devant lesquels l’esprit s’ouvre aux fraîches sensations d’une nature poétiquement rendue au lieu de s’arrêter distrait aux étrangetés de procédé et à la furie prétentieuse de la brosse. C’est manquer tout-à-fait le but, à mon avis, que de nous montrer des tons, quand nous voudrions voir des arbres, et de nous présenter avec fracas des curiosités de palette, quand nous cherchons un petit coin de vallée paisible, invitant au repos. M. Paul Huet a plus de jugement ; d’abord il compose avec goût, fait un choix intelligent, et a vue de ses bois épais, où le soleil glisse à travers le feuillage sur les troncs moussus ses rayons obliques, on ne songe qu’au plaisir qu’il y aurait à y vivre. C’est là le mérite suprême de M. Corot. Ce grand artiste, qui n’est pas aussi peintre dans l’acception technique du mot que beaucoup de ses confrères, les surpasse tous par le sentiment poétique dont la moindre de ses esquisses est animée, quelles que soient d’ailleurs les imperfections qu’on lui peut justement reprocher. Il se répète si l’on veut, et dispose trop souvent ses tableaux de la même manière ; ses premiers plans, presque toujours dans l’ombre sont trop souvent cotonneux et maladroits met ses arbres couleur de suie. Tout cela est vrai ; mais à la sincérité de la nature prise sur le fait Corot allie tant de noblesse et tant d’élégance ; sa gamme, ordinairement assourdie, est si juste, et il sait quelquefois quoi qu’on en dise, lui donner tant d’éclat, comme dans son Soleil couchant, site du Tyrol italien ! A droite, sur le devant, un magnifique bosquet faisant rideau ; au centre, la surface paisible d’un lac bordé à gauche par quelques blocs de rochers qui projettent dans l’eau leur reflet tremblant, et au fond une chaîne de collines qui fuient à perte de vue, illuminées des feux du couchant. De légers nuages aux flancs rosés sont suspendus dans un ciel brillant et vaporeux que ne désavouerait pas Claude Lorrain. Cette composition lumineuse et calme fait bien oublier les violences de M. Rousseau, ses effets rissolés, comme aussi les empâtemens de chrôme de M. Decamps. Le Lever du soleil, conçu dans un goût analogue, est plus frais encore ; il y a entre ces deux tableaux la différence bien sentie du soir au matin. Une matinée présente une