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M. Gleerup, de Lund, qui a publié le beau recueil des Anciennes Lois suédoises, de M. le professeur Schlyter.

En présence de la mauvaise littérature qui envahit la Suède, une voix s’est donc élevée du sein même de l’université d’Upsal pour flétrir cette exploitation de la curiosité publique : on voit assez qu’à côté du mal la Suède possède en elle-même le remède. Qu’elle sache rester fidèle à ses nobles traditions littéraires, tout en s’essayant à marcher dans des voies nouvelles. Il n’est plus question aujourd’hui de phosphoristes ni de gothiques ; une nouvelle école s’est formée, qui mérite à tous les égards le nom d’école moderne. Comme par une nécessité de notre temps, l’histoire, l’économie politique et les sciences naturelles se sont développées en Suède aussi bien que dans les autres pays de l’Europe, un peu aux dépens de la littérature et de la poésie. M. Atterbom lui-même consacre aujourd’hui à ses brillantes biographies des Poètes suédois un talent de prosateur égal à son mérite poétique. Il vit paisiblement à Upsal, jouissant de sa gloire, entouré du respect de tout un peuple, si bien que l’étranger qui n’a pu le visiter en parcourant la Suède regrette cette occasion perdue de saluer un grand poète et un noble cœur. Les récits populaires et élégans de M. Fryxell, qui a exposé avec un grand charme les principaux épisodes de l’histoire nationale, et les longues annales de M. Strinnholm sont, avec ce dernier livre de M. Atterbom, les meilleures œuvres de l’école historique suédoise, dont le premier maître a été Geijer. L’étude du droit et de l’économie politique a produit la belle publication des Anciennes lois suédoises, de M. Schlyter, et l’ouvrage précieux, épuisé et fort recherché aujourd’hui, du savant archiviste de Stockholm, M. Nordström, sur la Formation de la société suédoise. M. Bergstedt, MM. Malmström frères, M. Fosse et M. Styffe promettent de devenir des jurisconsultes ou des économistes éminens. Leurs premières œuvres ont été des articles nombreux publiés dans le recueil intitulé le Frey, et qui suffisent pour révéler chez ces jeunes esprits, avec de profondes études, une tendance décidée vers les questions pratiques. Le roi de Suède lui-même a publié, étant prince royal, un livre sur le commerce des grains et les lois qui le régissent, un autre sur l’éducation du soldat en temps de guerre, et un ouvrage sur les peines et les prisons, dans lequel il s’élève contre la peine de mort et les châtimens corporels avec une chaleur éloquente. Le prince royal, son fils, a dressé de sa main de nombreuses cartes statistiques ; il en a fait graver une fort étendue, représentant les différentes hauteurs du sol de la Suède. Le prince royal encourage ainsi de son exemple les travaux de statistique, dont la Suède a grand besoin, maintenant surtout qu’elle veut avoir, comme les autres pays de l’Europe, des lignes de fer. M. Forsell et M. Tham s’étaient seuls jusqu’à présent occupés de ces