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et tourmentent la ligne et amènent à distance un peu de confusion, et on a eu raison. À cela il y a remède ; il y en a peu aux autres imperfections que nous venons de signaler et qui résultent d’un manque d’expérience, dont M. Gérôme a du reste le temps de se corriger. Nous ne doutons pas que ce jeune artiste n’ait à cœur de prendre une autre fois dignement sa revanche.

Les deux caryatides de M. Robert, commandées, comme les peintures de M. Gérôme, par le ministère de l’intérieur et destinées à la décoration de la grande porte d’entrée du Conservatoire des Arts et Métiers, sont un travail fort remarquable, et qui fera honneur au statuaire. M. Robert a su, lui, se plier sans murmure aux convenances architecturales, et il a eu grandement raison. La sculpture et l’architecture ont toujours gagné à être bonnes sœurs ; plus elles sont d’accord, plus elles se font mutuellement valoir. Il paraît que cette heureuse entente s’établit beaucoup plus difficilement entre la peinture et l’architecture : nous en avons une preuve de plus dans la bibliothèque du Conservatoire des Arts et Métiers. On n’en doit pas moins reconnaître que l’ensemble de ces travaux du Conservatoire, et particulièrement la restauration de la chapelle, si heureusement transformée en bibliothèque, font honneur à M. Vaudoyer. Ils le placent au nombre de ces architectes érudits et ingénieux à la fois, qui ont appliqué si heureusement leurs talens à la conservation et à la restitution d’un passé qui, sans eux, allait disparaître. Cette restauration de la chapelle du Conservatoire des Arts et Métiers prendra place à côté des belles restaurations de la Sainte-Chapelle, de Notre-Dame et du Louvre.

À propos du Louvre, il est un détail de cette vaste restauration qui doit surtout nous occuper ici ; nous voulons parler des peintures qui complètent la décoration de la galerie d’Apollon. Cette décoration se compose, comme on sait, de voussures placées aux extrémités nord et sud de la galerie et terminant le berceau de la voûte, de cinq grands cartouches disposés au centre du plafond dans toute la longueur de la voûte qu’ils sont comme destinés à soulever en simulant autant d’ouvertures sur le ciel et d’échappées dans l’espace, de deux rangées inférieures de médaillons où sont figurés en camaïeu rehaussé d’or les mois de l’année, de quatre compartimens descendant jusqu’à la corniche où sont peintes les quatre saisons, enfin de vingt-quatre panneaux placés au milieu de la galerie, douze entre les fenêtres et douze entre les portes qui leur font face. Ces panneaux sont vides encore, mais contiendront les portraits, en tapisseries des Gobelins, des personnages célèbres du temps de Louis XIV, exécutés sous la direction de M. Ary Scheffer, qui doit se servir pour ce travail des peintures de Lebrun, Mignard, Largillière et Rigaud.

Les voussures, cartouches et médaillons de la voûte devaient être peints par Lebrun lui-même ou sous sa direction. Cette exécution,