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plus et se livre avec un curieux abandon à ces étranges caresses. L’exécution de cette figure présente aussi de véritables beautés : les extrémités ne laissent rien à désirer ; l’abdomen seul nous paraît fruste et négligé ; sa tension est bien exprimée, mais le xiphoïde semble brisé, et les droits sont à peine indiqués. On pourrait critiquer aussi le trop peu de longueur du corps de la cavale et la maigreur des jambes de devant, peu en proportion avec l’ampleur de la croupe. Le groupe de M. Courtet n’en est pas moins un morceau d’une haute distinction, une de ces heureuses rencontres qu’il est donné à peu d’artistes de faire, et c’est cependant à cette source de l’antiquité que l’on croirait tarie qu’il a puisé son sujet. André Chénier, arrivant à la suite de la tourbe mythologique des poètes musqués du dernier siècle, nous avait déjà montré l’or pur et ductile que ce sol fécond recélait. La Centauresse de M. Courtet nous semble un poème d’André Chénier coulé en bronze.

Le Faune dansant de M. Lequesne est encore une de ces heureuses inspirations de l’art antique et de la fable. Cette statue, qui, au dernier Salon, a balancé la grande médaille, est trop connue pour que nous la décrivions ici. Exécutée en bronze sur la commande du ministère de l’intérieur, elle sera l’un des morceaux d’élite de la prochaine exposition, si elle n’en est le chef-d’œuvre.

Deux statues équestres et monumentales, la Jeanne d’Arc de M. Foyatier et le Napoléon de M. de Nieuwkerke, vont sortir également de l’atelier du fondeur et seront inaugurées prochainement l’une à Orléans, l’autre à Lyon. Jeanne d’Arc et Napoléon, ces deux grandes gloires de la France, qui, au moment où le pays était tombé si bas, l’ont replacé si haut, l’une en repoussant l’invasion étrangère, l’autre en écrasant les factions, et qui tous deux sont morts en martyrs, victimes des mêmes bourreaux, Jeanne d’Arc et Napoléon auront trouvé, nous n’en doutons pas, de dignes interprètes.

Parmi les travaux de sculpture récemment terminés ou en voie d’achèvement, nous devons encore mentionner la décoration sculpturale de la gare du chemin de fer de Strasbourg, œuvre de MM. Lemaire et Brian ; les bas-reliefs et médaillons de l’hôtel du timbre, exécutés par MM. Jacquemart et Oudiné ; les groupes d’animaux commandés à MM., Barye, Fratin, Fremiet et Caïn ; le gracieux modèle des Nymphes à la fontaine, de M. Desboeufs ; l’étude fort remarquable du groupe d’Acis et Galatée guettés par le Cyclope, que termine M. Ottin, et qui pourra s’appliquer à la fontaine monumentale du Luxembourg. Nous signalerons également, et en première ligne, les quatre groupes équestres destinés aux quatre piédestaux des angles du pont d’Iéna, que terminent dans les ateliers de l’île des Cygnes MM. Feuchères, Préault., Devaulx et Daumas. Chacun de ces groupes représente un cavalier et un cheval appartenant à une race différente. M. Daumas a reproduit la