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LORD GEORGE BENTINCK.




Lord George Bentinck, a political biographie,
by B. Disraeli, member of parliament ; 1 vol. London, 1852.




Il n’y eut jamais de situation parlementaire plus forte que celle de sir Robert Peel à la fin de la session de 1845. Les élections de 14841 avaient donné au chef des conservateurs une majorité de près de 100 voix dans la chambre des communes. Les whigs, conduits par lord John Russell, avaient été délaissés avec éclat par le pays, et voyaient décroître de jour en jour leur nombre, leurs forces, leurs espérances. Les questions économiques étaient la préoccupation générale de l’Angleterre ; les grands groupes d’intérêts matériels, qui sont les agens de la richesse de ce peuple. faisaient alors mouvoir les principaux rouages de sa vie politique ; l’intérêt agricole, l’intérêt manufacturier, l’intérêt commercial, l’intérêt colonial, l’intérêt de la marine marchande, s’appliquaient à étendre ou à maintenir leur situation, et prenaient pour champ de bataille les tarifs de douane. Or, sir Robert Peel était sans rival dans le gouvernement des intérêts matériels. Personne ne savait dresser un budget plus adroitement et plus heureusement que lui ; personne ne débrouillait avec plus de souplesse la métaphysique des questions de banque ; personne ne savait mieux établir dans un remaniement de tarifs une exacte balance entre les exigences contradictoires des intérêts hostiles. En un mot, la passion de l’Angleterre en ce temps-là était d’être gouvernée comme une gigantesque maison de commerce, et Peel était, de l’aveu de tous, le meilleur gérant qu’elle pût avoir à sa tête. Le ministre ne rencontrait pas