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plusieurs reprises, le gouvernement prussien fut obligé de suspendre, par des édits d’indulgence, les poursuites dont plusieurs banques foncières étaient menacées.

En 1821 seulement, les propriétaires obérés de la Prusse polonaise résolurent de s’associer, en développant le principe déposé en germe dans les statuts de la banque de Zelle. L’association provinciale du grand-duché de Posen admit, comme base fondamentale, l’amortissement forcé, mais à longue date, au moyen d’une contribution annuelle ajoutée par l’emprunteur au montant de l’intérêt convenu. Au lieu de laisser à, ses créanciers la faculté de demander le remboursement, elle se réserva le droit de l’offrir proportionnellement à ses ressources. Aux termes de ses statuts, elle doit désigner chaque année, par voie de tirage au sort, les numéros des lettres de gage qu’elle est en mesure d’éteindre, et offrir de les racheter au cours de la place, lorsqu’elles sont au-dessous du pair, mais avec une prime qui peut s’élever à 3 pour 100, lorsqu’elles dépassent le pair.

L’expérience démontra bientôt que la combinaison de Posen était la plus ingénieuse et la plus prudente. Le gouvernement prussien se mit donc en devoir de l’introduire dans ses autres possessions. La réforme des sociétés primitives fut entreprise et exécutée par une série de décrets rendus à partir de 1830. Les créanciers de chaque association, notamment ceux de l’ancienne société silésienne, ne perdirent pas sans inquiétude le droit de se faire rembourser en s’adressant directement aux administrations. Les cours allaient être écrasés, supposait-on, par l’abondance des titres jetés sur la place, et on ne pourrait plus réaliser qu’en subissant une perte considérable. Prévenu par une polémique généralement défavorable à cette réforme, le public n’y voulut voir qu’une banqueroute déguisée. Contre toute attente, les cours, soutenus par un amortissement régulier, se maintinrent avec une telle fermeté, que les vendeurs purent réaliser leur capital à volonté, et souvent avec une plus-value. Le gouvernement se crut dès-lors autorisé à entreprendre l’abaissement de l’intérêt, afin d’activer la libération des propriétaires débiteurs. En 1839, sommation fut faite aux détenteurs des anciennes lettres de gage d’en accepter le remboursement au pair, ou de se contenter d’un intérêt de 3 et demi pour 400. Les bourses régulatrices de Berlin et de Breslau ne s’étant pas émues de cette offre, la conversion fut acceptée par la presque unanimité des rentiers. En Silésie, les remboursemens demandés ne s’élevèrent pas même à 100,000 francs sur une dette de 150 millions. Il paraît même qu’on aurait pu sans inconvénient abaisser l’intérêt à 3 pour 100, puisque l’association du Wurtemberg, qui, au lieu de remettre à ses cliens des lettres de gage, leur compte des écus qu’elle emprunte, peut se procurer à 3 pour 100 tout l’argent dont elle a besoin.