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astronomiques, physiques et chimiques, mais aussi à la biologie, à la médecine, à l’histoire. Dès qu’on trouve dans les temps modernes une observation bien étudiée qui soit l’analogue d’une observation ancienne vague, douteuse, incertaine, confuse, celle-ci, qui ne pouvait donner de lumière, en reçoit aussitôt et éclaire à son tour le point du passé auquel elle appartient.

S’il est possible de poursuivre systématiquement l’observation des étoiles filantes et des bolides, cela n’est plus praticable pour un autre phénomène météorique : je veux parler des pierres tombantes ou aérolithes. Ici, en effet, il n’y a pas à s’installer dans un observatoire pour attendre la chute de ces pierres ; cette chute est peu fréquente, du moins devant des yeux qui puissent en être témoins ; elle est tout-à-fait inattendue, rien ne l’annonce, et elle prendra toujours les savans au dépourvu. Il ne faut pas cependant croire qu’elle soit réellement aussi rare que pourrait le faire supposer la distance des intervalles qui en séparent les mentions authentiques. Schreiber eut l’idée assez heureuse de calculer combien il devait tomber de pierres sur toute la surface du globe, en partant de ce fait qu’il en est tombé dix en France de 1790 à 1816, c’est-à-dire dans une période de vingt-six ans, et qu’il en est tombé également dix dans les îles britanniques durant une période d’égale longueur, de 1791 à 1816 ; par la comparaison de l’étendue de ces deux pays à la surface entière du globe, il conclut qu’il doit y avoir proportionnellement, sur cette surface entière, deux chutes de pierres par jour, les deux tiers devant tomber dans l’océan et l’autre tiers sur la terre ferme. Aujourd’hui que le rapport entre la terre ferme et l’océan est mieux connu, on pourrait dire, suivant l’idée de Schreiber, que, sur quatre chutes de pierres météoriques, il y en a trois qui s’effectuent dans la mer et une seule sur les continens et les îles.

Long-temps les savans doutèrent de la chute des pierres et traitèrent d’opinion mal fondée la croyance vulgaire qui admettait la réalité d’un pareil phénomène. La croyance populaire se fondait sur des faits réellement observés et transmis d’âge en âge ; mais elle était allée fort au-delà de la vérité. De ce que les chutes de pierres étaient toujours accompagnées d’un bruit comparable à celui du tonnerre et souvent d’une lumière très vive, on avait fini par confondre ce phénomène avec celui de la foudre. Chaque fois que celle-ci touchait la terre, elle devait donc être accompagnée d’une chute de pierres, ou mieux, la chute de ces masses devait produire tous les et rets de la foudre ; mais il restait à trouver toutes ces pierres de foudre, et, comme elles manquaient, on les supposait enfoncées fort avant dans le soi, où on les retrouvait sous forme de concrétions pyriteuses (comme les boules de pyrite), ou sous forme de pétrification (comme les bélemnites), ou enfin sous la forme de pierres taillées (haches ou coins de jade qui ont servi aux premiers