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arquebusade et transporté dans la maison où, deux jours après, il fut assassiné avec son gendre Téligny ; le second tableau nous fait assister à l’assassinat de Coligny et de ses compagnons ; le troisième tableau nous montre Charles IX témoignant sa satisfaction de la mort de l’amiral. Ces peintures, de très grande dimension, sont exécutées dans le style lâché de Vasari. Elles sont fort curieuses, et c’est sans doute à ce titre que, malgré les sujets qu’elles représentent, elles sont conservées à la porte du sanctuaire[1]. Elles servent de pendant à la fresque de Zuccheri, qui représente Charlemagne confirmant, en l’an 800, les donations faites au saint-siège.

Sous le roi Henri III, la gravure en médailles, encouragée par ce prince ami des arts et du plaisir, atteignit un haut degré de perfection. Ce monarque, par l’édit de septembre 1585, affecta un atelier spécial pour la fabrication des médailles et jetons. Cet atelier, dit monnaie des étuves, où l’on ne fabriquait qu’au moulin, était tout-à-fait distinct de la monnaie des espèces, placée au Louvre, où le roi ne permettait que la fabrication des monnaies d’or et de billon ayant cours, qu’on ne pouvait frapper qu’au moyen du mouton. Les graveurs en médailles qui se distinguèrent sous son règne s’inspirèrent dans leurs ouvres et de la réalité et des souvenirs de l’antiquité. Les têtes, d’une ressemblance frappante, sont laurées comme les effigies des médailles impériales, et les revers ont un caractère tout-à-fait romain. Ce retour vers l’antiquité s’était déjà manifesté sous le règne précédent, et il est telle médaille du roi Charles IX, celle de l’Homnmage de la ville d’Avignon par exemple, dont l’effigie semble dérobée à une médaille des empereurs. Nous citerons, parmi les médailles remarquables du règne de Henri III, celle de la lutte du roi contre les factions, avec cette légende : Debellare superbos ; — la médaille des neuf muses entourant un lis et soutenant un génie qui porte une couronne dans chaque main, avec le mot felicitas à l’exergue ; — celle de Henri III, roi de France et de Pologne, à cheval, vêtu à l’antique, avec cette légende Imago. talis. Alemandri. Tigrin. superanlis (il est l’image d’Alexandre, vainqueur du Tigre), enfin la médaille de Catherine de Médicis : semper augusta, portant au revers une renommée planant au-dessus des étoiles avec cette légende : Eterna fama : Cette dernière médaille, dont la face, représentant le buste de Catherine de Médicis, semble copiée d’un crayon de François Quesnel, et dont le revers est conçu dans le style antique le plus pur et le plus élevé, suffirait à elle seule pour caractériser l’art à cette époque. Cette double tendance se retrouve du reste, et fort heureusement combinée, dans la plupart des ouvres de George Dupré, dit le grand Dupré, qui, bien que ses premières pièces signées ne datent que du commencement du règne suivant, avait dû débuter à cette époque.

Une belle médaille du roi Henri III, frappée en 1579, a consacré la fondation

  1. Nous devons citer comme la contre-partie de ces médailles et de ces peintures un des plus beaux médaillons français, qui représente François de Mandelot, gouverneur du Lyonnais, et qui porte la date de 1572. Ce médaillon passe pour avoir été frappé en mémoire de l’humanité que déploya ce gentilhomme en désobéissant aux ordres de la cour. Il a été conservé dans sa famille, et il appartient à M. le comte de Mandelot. Ce médaillon, de forme oblongue et de très grand module, 125 millimètres de hauteur sur 95 de largeur, est un chef-d’œuvre de gravure.