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LE SOCIALISME


DANS


L’AMÉRIQUE DU SUD.




I. Cartas de Felix Frias al Mercurio de Valparaiso. — II. Sociabilidad chilena, per Francisco Bilbao ; Santiago de Chile, 1838. — III. Gaceta oficial de la Nueva-Granada, 1851. — IV. Ojeada sobre la Administracion del siete de marzo ; Bogota, 1851. — V. El Misoforo de doctor Jalio Arboleda ; Bogota, etc.




C’est le magnifique et ruineux privilège de notre pays de remuer le monde de son souffle et de lui faire partager ses orageuses expériences. La France est le ministre universel des nations, la régulatrice souveraine de leurs mouvemens et de leurs pensées ; elle jouit du merveilleux avantage de les défrayer de systèmes et de nouveautés. Privilège ruineux, disons-nous, puisque depuis qu’elle s’est accoutumée à être ainsi le laboratoire obligé de toutes les imaginations destinées à régénérer périodiquement l’espèce humaine, la France est elle-même la victime de son ardeur d’influence et de prosélytisme ; elle sacrifie ce qui lui reste de sève intérieure, de rectitude, d’équilibre moral, à ce rôle enivrant de prédominance extérieure et d’initiation universelle qui est le piège de sa nature sympathique, et qui finit par l’entraîner, hélas ! à ne plus s’inquiéter même du genre de son action, pourvu que cette action s’exerce et se manifeste. Il est trop vrai, en effet, qu’elle s’est montrée également habile à manier la puissance du mai et la puissance du bien, et c’est le lendemain du jour où elle régnait par la langue de Bossuet et de Pascal qu’elle s’est plu à enseigner aux séides