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lui à New-York en 1850 en faveur du compromis. Le plus abandonné des candidats whigs est précisément le plus illustre d’entre eux, M. Daniel Webster, qui, jusqu’à présent, est appuyé par les whigs de la Californie et peut-être aussi par les whigs du New-Jersey, que tout récemment encore, dans une de ses tournées, il transportait d’enthousiasme.

Les choses sont moins avancées du côté des démocrates : les divers états du sud se sont occupés d’envoyer des délégués à la convention démocratique de Baltimore, et se sont bornés généralement à recommander le candidat dont l’élection pourrait le mieux favoriser les intérêts de leur parti. Les candidats démocrates sont nombreux, chaque état présente son candidat, qu’il prétend faire triompher, et cela même pourrait bien être la cause de la défaite du parti démocratique. Le général Cass, le général Butler, M. Buchanan, le général Houston, M. Douglas, ont été mis en avant tour à tour ; mais jusqu’à présent les noms qui réunissent le plus grand nombre de suffrages sont ceux du général Cass et de M. Douglas. Il importe peu, après tout, que le futur président soit whig ou démocrate, pourvu qu’il ne soit ni free soiler exagéré ni démagogue (barnburner) extravagant ; il importe peu que M. Cass soit préféré à M. Fillmore : l’un et l’autre sont favorables à la cause de l’union et aux mesures du compromis ; mais il importe beaucoup qu’un abolitioniste n’ait pas l’avantage sur M. Fillmore, ou un partisan aveugle de l’esclavage, de l’annexion à outrance sur M. Cass. Or, les abolitionistes ne connaissent plus de bornes et redoublent de violence. M. Seward et ses amis poussent le général Scott à ne faire aucune concession aux whigs modérés. Le danger a été senti à Washington. Les whigs qui représentent leur parti au congrès ont tenu une assemblée pour délibérer sur les mesures à prendre et s’entendre sur la ligne de conduite qu’ils auraient à tenir. Les whigs du sud se sont montrés modérés, mais très énergiques ; ils ont déclaré, qu’ils ne donneraient en aucune manière leurs voix au candidat qui ne promettrait pas formellement de maintenir les mesures du compromis. Il y a donc lieu d’espérer que le prochain président, quel que soit le parti triomphant, sera avant tout un candidat national, que le maintien de la tranquillité intérieure sera le mot d’ordre des masses, et que les sectes, les partis exclusifs seront abandonnés à leur impuissance et à leurs préjugés.

Tel est le grand intérêt du moment. Les séances du congrès se traînent toujours languissamment ; un bill relatif aux pensions payées aux Indiens, des interpellations sans résultat sur l’expédition du Japon, des discussions désormais sans grand intérêt sur l’esclavage et la politique d’intervention, voilà le bilan des travaux du congrès pendant ces dernières semaines. Les mesures proposées par MM. Seward et Hale, les deux membres les plus factieux à coup sûr du sénat, pour l’abolition immédiate de l’esclavage, ont été écartées ; Dieu fasse qu’elles ne se représentent plus pour l’honneur et le repos du congrès ! Quant à la politique d’intervention, vivement défendue par M. Soulé, sénateur de la Louisiane et Français d’origine, dans un discours habile, où il s’efforçait de prouver que la politique de non-intervention n’avait jamais été dans l’esprit de Washington une doctrine absolue, elle a été attaquée avec force par M. Mason, de la Virginie, qui a très bien établi que la politique de neutralité était et devait être, comme au temps de Washington, la politique des États-Unis, ainsi que le démontrent les récentes négociations relatives au percement