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routes que le reste de la Nouvelle-Grenade, on ne pourrait exploiter que la zone des terrains qui se trouvent immédiatement sur le bord de la rivière Magdalena et de ses affluens ou sur les rives du canal qui met Carthagène en communication avec la rivière Magdalena, et il paraît que, pour obtenir un approvisionnement un peu considérable, il serait nécessaire de s’éloigner des cours d’eau. On se trouverait donc arrêté là aussi par la difficulté des transports, et cette difficulté est du genre de celles qu’il est à peu près impossible de surmonter à cause des habitudes de la population, qui n’est rien moins qu’industrieuse et amie du travail. Aussi bien la compagnie du chemin de fer de Panama, sans renoncer absolument à faire usage des ressources qu’elle trouverait dans ces parages pour ses approvisionnemens de bois, a pris le parti d’user principalement de celles que fournissent les États-Unis, et qui sont des plus étendues. Grace aux voies de communication nombreuses que l’on trouve partout au nord de l’Union, il est facile de faire venir à peu de frais jusqu’à New-York les bois des forêts de l’ouest. C’est donc à New-York ou dans le voisinage de cette ville que l’on a réuni successivement tous les matériaux de cette nature pour les diriger de là sur la baie de Limon, d’où ils sont répartis sur les différens chantiers. Par une précaution que l’on comprendra sans peine, les bois ont été débités et préparés autant que possible aux États-Unis avant d’être envoyés sur l’isthme.

Quant aux matériaux nécessaires à la confection des maçonneries, on pourra se les procurer sans trop de difficultés sur les lieux mêmes. Le long de la côte, sur l’Atlantique et dans la vallée du Chagres, on trouve des masses de grès des terrains tertiaires, à grains fins et en général de couleur grisâtre, qui peuvent fournir de bonnes pierres de taille. C’est avec cette pierre qu’on a construit les maçonneries du fort San-Lorenzo. On trouve encore dans la vallée du Chagres une roche calcaire à grains fins qui donnera de bons matériaux. Tout près de Panama sont des carrières de roche porphyrique qui ont servi à construire les fortifications et les maisons de la ville. On pourra se procurer également près de Panama des argiles pour la confection des briques. Du côté de l’Atlantique, où il n’y a pas d’argile propre à cet usage, on a l’intention de faire venir au besoin les briques des États-Unis. Le sable et les cailloux ne manquent pas dans le lit du Chagres et de ses affluens, non plus que sur les côtes. Pour la chaux, on a la ressource des coquillages qu’on trouve partout sur les bords de la mer et celle des polypiers et des masses madréporiques qui abondent sur la baie de Limon et sur l’île de Manzanilla.

Les rails et les autres objets nécessaires à l’établissement de la voie sont fabriqués en Angleterre et aux États-Unis, d’où ils sont expédiés sur l’isthme au fur et à mesure de l’avancement des travaux.

Ce fut le 15 décembre 1850 que les travaux proprement dits furent