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Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/974

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tribunaux l’héritage des anciens parlemens, n’était-ce pas les appeler à renouer avec la chaîne des temps celle des persécutions iniques ? La guerre aux corporations religieuses, le monopole universitaire, trouvaient donc leur consécration dans la loi du sacrilège, car, lorsqu’on réclamait pour le clergé la tenue du registre de l’état civil en vertu du droit ancien, il était difficile d’oublier que ce droit atteignait les jésuites. On avait accueilli comme une conquête l’admission d’un évêque dans le cabinet sous le titre de ministre des affaires ecclésiastiques, et le seul résultat d’un pareil choix avait été de faire déclarer obligatoire l’enseignement des quatre propositions de 1682. La seule église existant en France à l’état d’institution historique, c’était en effet l’église gallicane, et M. de Montlosier était parfaitement conséquent avec lui-même en faisant du gallicanisme le dernier mot de sa doctrine. C’était ainsi que toutes les pauvretés de l’esprit et tous les mauvais instincts du cœur trouvaient dans une tentative à contre-sens des encouragemens et des excitations.

Trois années avaient donc suffi pour faire passer la gauche de la prostration qui suit une défaite éclatante à la confiance qu’inspire la certitude d’une revanche prochaine. La conspiration n’avait plus son siège ni dans les conciliabules des sous-officiers, ni dans les ventes du carbonarisme, alors à peu près dissoutes ; mais l’irritation se développait en plein soleil à l’ardente clarté de la tribune : elle croissait sous la parole de graves orateurs plus encore que sous l’excitation des journaux, car la censure, qui, durant la restauration, prévalut dix années sur quinze, n’arrêtait la circulation d’aucune pensée, et, loin de la calmer, elle surexcitait la fièvre universelle. Lorsque la France est agitée, il n’est aucun moyen artificiel de lui imposer le repos, de même que, si elle entend dormir, on peut mettre tous les journalistes et tous les tribuns au défi de l’en empêcher. Le pays était-il sevré de la liberté des journaux, il s’en dédommageait soit par celle de la tribune, soit en organisant l’agitation électorale. À la fin de 1827, celle-ci se développait avec une telle rapidité, que, pour ne pas s’exposer à voir bientôt substituer une question de dynastie à une question de ministère, il était devenu urgent de devancer par une soudaine surprise, l’époque légale très lointaine encore d’un appel à la France. Le siècle de sept années qu’on s’était ouvert avec tant de confiance pour l’accomplissement de si grands desseins n’avait donc pas accompli la moitié de son cours, qu’il fallait le clore précipitamment pour affronter des élections générales moins avec la pensée de conquérir une victoire qu’avec l’espérance d’éviter une déroute.

L’administration pesa de tout son poids sur cette épreuve sans parvenir à en altérer la signification décisive. Son résultat dut constater aux yeux des plus aveugles l’impossibilité de continuer contre des résistances