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un homme, travaillant de neuf à dix heures par jour, opérera le lavage d’un mètre cube d’alluvion et en retirera la valeur moyenne de 10 à 12 fr. ; — par la machine désignée sous le nom de cradle, deux hommes associés au même travail traiteront, dans le même intervalle, 3 mètres cubes qui leur produiront une valeur moyenne de 40 à 45 francs ou un peu plus de 20 francs par travailleur ; — enfin, en faisant usage de la même machine appropriée au procédé par l’amalgamation, quatre hommes traiteront dans la même journée 6 mètres cubes d’alluvion et en obtiendront un produit moyen de 45 grammes, correspondant à 150 francs, ou environ 37 francs chacun. La quantité d’or extraite des mêmes terrains varie ainsi du simple au triple, suivant la perfection du traitement auquel on les soumet.

Les gisemens situés dans les ravines des montagnes les moins élevées dont est flanquée la Sierra-Nevada, et ceux qui occupent des espaces souvent considérables dans l’intérieur des vallées, forment deux autres catégories de terrains bien distinctes de celles dont je viens de parler. L’or n’y existe plus au même état ; il a conservé la forme et les dimensions qu’il avait contractées en s’agrégeant au quartz avec lequel on le rencontre fréquemment associé. Le mineur peut y faire de très belles découvertes ; on y a trouvé des lingots d’or pur pesant jusqu’à vingt-trois livres ; j’en ai vu et touché un du poids de treize livres qu’une société de quatre Français avait extrait à un pied au-dessous du niveau du sol. Cependant, si le travailleur n’est pas doué d’une grande persévérance et d’une certaine confiance dans ses efforts, le découragement peut s’emparer de lui, car plusieurs journées d’un travail pénible se passent parfois sans qu’il rencontre la moindre pépite. L’exploitation des bancs d’alluvion offre, on le voit, beaucoup plus de garanties que celle des terrains où l’or se présente par fragmens isolés et de grande dimension. Dans le premier cas, la rémunération est immédiate ; à la fin de chaque jour, le mineur recueille le fruit de son travail.

Le traitement des gisemens dans les ravines est ordinairement le même que celui des alluvions des terrains de transport. Cependant, comme le précieux métal y existe plus inégalement réparti et généralement sous des formes et des dimensions palpables, atteignant même quelquefois le volume des petits cailloux qui l’accompagnent, l’attention du mineur doit être plus soutenue que lorsqu’il s’agit simplement du triage de matières sableuses. On peut néanmoins exploiter les ravines sans recourir à l’opération du lavage. Il y a même des terrains éloignés de tout cours d’eau où des fragmens d’or, mêlés au quartz, sans aucune altération dans leur forme primitive, peuvent être recueillis à la main. De là vient le nom de dry diggings que les Américains ont donné à ces étendues de terrain, formées par le dépôt lent