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qui font partie de leur foi, sont nos plus redoutables ennemis, car presque tous ont en elles une confiance absolue, et si les unes annonçaient notre arrivée, d’autres parlent de notre départ et prédisent les hommes merveilleux par lesquels doit s’accomplir l’œuvre de régénération du monde. Quant à celui qui doit exécuter ces prodiges, les prophéties le disent encore : c’est le Mouley-Sâa, le maître de l’heure. Tout a été décrit, son nom, semblable à celui du prophète, les signes qui doivent distinguer sa figure, son caractère, ses traits. Une prophétie même annonce qu’il sortira du Dahra, et les poètes errans ont entretenu cette croyance en la chantant de douar en douar à travers le pays. Voilà pourquoi les Arabes se fient si peu à la durée de notre autorité, et sont toujours portés vers ceux qui se disent envoyés de Dieu. Voilà pourquoi encore tous ces imposteurs se nomment Mohamed-ben-Abdallah, du nom du prophète et de celui de son père, et ce qui mit le Bou-Maza en si grand crédit, car il parut dans le Dahra, et sa figure répondait au signalement mystérieux. On retrouvait jusqu’à l’étoile gravée sur le front. Ce fut ainsi que le Bou-Maza puisa les élémens de sa force dans la superstition de tous. Nous croyions pourtant alors que ce commencement de révolte serait facilement réprimé par la colonne d’Orléansville, à laquelle nous devions prêter notre appui durant quelques jours seulement.

Le lendemain de cette conversation avec Mustapha-ben-Dif, nous