Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La Hollande vient d’avoir, elle aussi, son mouvement électoral et même sa crise ministérielle. C’est pour la seconde chambre qu’ont eu lieu des ëlections. Le résultat du scrutin dans son ensemble ne modifie point essentiellement la situation politique du pays : si l’un des partis avait gagné quelque chose dans cette lutte, ce serait le parti historique-réformé. Au fond, l’attention publique ne laissait point d’être vivement préoccupée de l’issue du mouvement électoral, qui pouvait influer sur le sort du ministère néerlandais. Celui-ci avait subi divers échecs qui semblaient devoir se multiplier encore. Le ministre des finances avait dû retirer un projet d’impôt sur la rente ; le ministre de la justice n’avait pu faire accepter une loi créant une nouvelle organisation judiciaire. La chambre paraissait peu favorable au règlement proposé de la dette russe, à une loi sur l’administration des pauvres que l’on accusait de trop s’immiscer dans les affaires intérieures des diaconies. Bref, il est résulté de toutes ces difficultés la démission du ministre de la justice et du ministre de la guerre, ainsi que le constate la réponse de l’un des ministres restans, M. Thorbecke, à une interpellation dans la seconde chambre. Ce n’est point une retraite totale du cabinet hollandais, c’est une recomposition. Les nouvelles des Indes orientales, toujours importantes pour la Hollande, sont assez satisfaisantes, malgré une sédition qui a éclaté à Sumatra, mais qui ne paraît pas devoir se prolonger en présence d’une répression sérieuse.

En Angleterre, le parlement est à la veille de clore sa session. Ses dernières séances ont été tristement occupées. Il se sépare, non pas comme autrefois, avec la satisfaction d’avoir accompli quelque grande réforme, mais après les plus pitoyables débats dont l’histoire parlementaire de l’Angleterre fasse mention : nous voulons parler de l’affaire Mather. Les débuts diplomatiques de lord Malmesbury n’ont pas été heureux, il faut en convenir, et lord John Russell n’a pas eu de peine à triompher de ce faible adversaire. Quelle négociation ! Lord Malmesbury, au lieu d’avoir une opinion sur les indemnités qu’il doit réclamer à la Toscane, commence par aller chercher l’avis de la partie intéressée, ce qui est à peu près comme si un juge, pour rendre un arrêt, commençait par prendre l’avis du plaignant. M. Mather père, qui paraît avoir profité des leçons du juif Pacifico, commence par réclamer, non une réparation qu’on ne songeait pas à refuser, mais une somme d’argent, et quelle somme ! 5,000 livres sterling tout modestement ! Lord Malmesbury, avec la politesse qui doit naturellement caractériser un lord anglais, s’empresse d’adresser ces réclamations au gouvernement toscan, tout en ayant soin de déclarer qu’il trouve la demande exorbitante. Voilà ce que je vous réclame, ne me l’accordez pas ; tel est le résumé des dépèches de lord Malmesbury à M. Scarlett, autorisé à réclamer la somme plus modique de 1,000 livres sterling. Alors commence entre le gouvernement toscan et l’agent anglais à Florence une série de négociations dans lesquelles les deux parties marchandent et se débattent comme acheteurs et vendeurs. — 1,000 livres sterling ! — non ; — 500 ! — non, 220, plus la grâce de deux jeunes Anglais condamnés pour offenses politiques. Pendant ce temps, les interpellations se succèdent au parlement ; lord Malmesbury répond tant bien que mal et envoie a son subordonné des instructions dont le sens le plus clair est celui-ci : Finissez-en. Acceptez tout, et que je n’entende plus parler de cette affaire. — Et puis, lorsque lord lohn Russell vient demander des explications sur