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s’étant assis à quelque distance, Maxime raconta ce qui s’était passé dans la villa des Secundinus. La bonne Priscilla fut vivement émue au récit de Maxime. — Dieu soit loué, dit-elle, et remercié du plus profond de nos cœurs, pour avoir donné à notre Hilda cette constance et cette fermeté dignes des premiers jours de l’église, et qui commencent à s’affaiblir dans le monde ! Qu’il soit loué aussi pour avoir épargné à cette jeune fille le traitement cruel dont elle était menacée ! Je donnerai une double aumône au premier pauvre qui se présentera à la porte de notre demeure. Il m’est si doux de penser que Dieu a fait descendre cette grace sur l’esclave fidèle par l’intervention de mon cher et vénérable frère Maxime !

— Sœur bien-aimée, dit l’évêque, la récompense de mes faibles œuvres est d’abord dans notre Seigneur Jésus-Christ, qui les consomme en moi malgré mon indignité ; elle est ensuite dans la joie par lui permise d’accomplir ces œuvres avec la pensée que tu en seras heureuse. Il nous a placés l’un près de l’autre pour nous soutenir et nous appuyer mutuellement dans sa voie, pour nous édifier par la communion des vertus et arriver ainsi à être réunis dans son amour durant l’éternité plus intimement que nous ne l’avons été sur la terre.

— Que les paroles sont douces à ton humble sœur ! comme elles remplissent son ame du désir de faire le bien et de mériter le bonheur éternel ! Ah ! ce bonheur, nous le commençons ici-bas, Maxime. Aimer purement, n’est-ce pas le ciel ?

— Craignons, reprit Maxime avec une tendre gravité, craignons d’amollir nos âmes par ces retours trop humains même sur les plus saintes affections de notre cœur. Les anges seuls sont purs devant Dieu ; nous sommes des créatures fragiles et vaines ; humilions-nous dans notre faiblesse et défions-nous toujours de notre infirmité. Il vaut mieux, chère sœur, me dire à ton tour ce que tu as fait aujourd’hui, réjouir mon ame par le récit de tes actions charitables, ou bien, si quelque faute légère pèse sur ta conscience craintive, hâte-toi de la confesser à ton frère pour qu’il te donne, suivant ses lumières, d’affectueux conseils, ou lave ton ame, objet de ses plus pures tendresses, dans la piscine salutaire de la pénitence.

— La journée s’était passée comme à l’ordinaire, dit Priscilla, avec mes chères filles et mes sages compagnes, dans les chants, les oraisons et les entretiens recueillis. Des indigens ont frappé à la porte de notre maison, ils ont été nourris ; des pèlerins ont reçu le léger viatique dont nos ressources nous permettent de disposer en leur faveur ; mais j’éprouve un vif scrupule à l’avouer ce qui s’est passé dans l’hospice que tu as fondé pour les malades indigens.

— Ne me cache rien, sœur chérie ; apprends-moi ce qui te fait rougir de la sorte et semble t’agiter comme un remords ; déclare ton péché