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la voit s’élever à 4,000 kilogrammes en 1840. à 10,000 kilogrammes en 1842 et dépasser 20,000 kilogrammes en 1847.

L’année 1847 est le point culminant de la production de l’or en Russie. L’administration des mines accuse un chiffre de 1,741 pouds, soit 28,521 kilogrammes pour les résultats combinés de l’Oural et de l’Altaï. En admettant qu’un cinquième des produits s’écoule en fraude de l’impôt et échappe au contrôle de la couronne, la récolte aurifère de 1847 aurait représenté une valeur d’au moins 110 millions de francs. Depuis cette époque, la décroissance est manifeste et constante. Les chiffres officiels ne donnent plus que 1,720 pouds (28,252 kilogrammes) on 1848, 1,592 pouds (26,077 kilogrammes) en 1849, 1,485 pouds (24,324 kilogrammes) on 1850, et 1,432 pouds, valeur 78 millions de francs, en 1851. On remarquera que la réduction porte entièrement sur la richesse de la Sibérie tant orientale qu’occidentale. Non-seulement l’activité des extractions n’a pas diminué dans l’Oural, mais elle s’est même légèrement accrue : le produit de 1819 s’élève à 342 pouds (5,602 kilogrammes), chiffre supérieur de 244 kilogrammes à celui de 1845.

La décroissance de la production paraît avoir pour cause principale l’aggravation de l’impôt. L’exploitation des districts aurifères de la Sibérie est partagée entre les particuliers et la couronne, qui, en se réservant le versant occidental de la chaîne, a livré le versant oriental aux efforts de l’industrie. Par le fait, le partage a tourné au détriment du trésor dans une proportion vraiment extraordinaire, car, tandis que les deux cinquièmes des produits dans les lavages de l’Oural proviennent des régions réservées à l’état, les districts réservés dans l’Altaï ne donnent que 5 ou 6 pour 100 de la production. Le gouvernement russe a cherché à rattraper par l’impôt ce qui lui échappait par l’extraction ou par le lavage. Il ne s’était attribué d’abord que la dîme du produit net ; mais la taxe, élevée bientôt à 15 pour 100, a été remaniée et aggravée depuis quelques années. Le nouvel impôt ne s’applique qu’aux exploitations de la Sibérie orientale et occidentale. C’est une taxe progressive qui comprend dix classes, de manière à prélever 5 pour 100 du produit brut sur les exploitations qui extraient de 1 à 2 pouds d’or, et 32 pour 100 sur celles qui extraient 50 pouds ou près de 820 kilogrammes par année, le tout sans préjudice de l’impôt dit minier, qui est aussi progressif, et qui varie, selon les classes, de 4 a 10 roubles par livre d’or.

Cet impôt excessif peut avoir agi de deux manières : il en est résulté soit un encouragement pour la fraude, soit un découragement pour la production. À la distance où nous sommes de la Sibérie, et lorsqu’il s’agit de régions où les rayons de la publicité pénètrent encore moins que la chaleur du soleil, il y aurait de la témérité à choisir entre deux explications également probables ; mais, que l’impôt ait ralenti