Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/733

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

50 dollars (133 fr. 75 cent, à 267 fr. 50 cent.) par jour. Le colonel Mason, dans un rapport à la date du mois d’août, estime le produit de la journée, pour quatre mille mineurs européens ou indiens, de 30 à 40,000 dollars, ce qui donnerait pour chacun la moyenne de 10 dollars ou de 53 fr. 50 cent. Le capitaine Foison écrit un mois plus tard : « Je ne crois pas qu’il existe dans le monde de dépôts plus riches ; j’ai reconnu moi-même qu’un travailleur actif pouvait recueillir par jour pour une valeur de 25 à 40 dollars d’or, en estimant le métal à 16 dollars l’once. » M. Butler-King, dont le rapport est postérieur encore, n’admet plus qu’une moyenne de 16 dollars ou d’une once d’or par journée de travail.

Dans la seconde période de l’exploitation, lorsque les mineurs affluaient aux placers et se disputaient chaque pouce du sol aurifère, le rendement diminua dans une proportion très sensible. Un journal local et spécial, le Placer Times du 26 octobre 1850, résumant les renseignemens qu’il avait reçus sur le travail de la saison et qui embrassaient les campemens depuis la rivière de la Plume jusqu’à la rivière Cosummes, sur un espace d’environ cent milles occupé par soixante mille chercheurs d’or, estimait le produit moyen de la journée à 6 dollars sur la rivière de la Plume, à 4 dollars sur l’Yuba et sur la rivière de l’Ours, à 5 dollars sur la Fourche américaine. Les renseignemens de nos consuls, au commencement de 1850, indiquaient encore un résultat de une à deux onces par jour dans la vallée du Sacramento, et de une à quatre onces dans les régions plus récemment exploitées du San-Joaquin.

Cependant cette infériorité des résultats, qui se manifestait d’une année à l’autre, n’était pas sans compensations. Si le mineur gagnait moins, il ne dépensait pas autant. La hausse extravagante de toutes les denrées, des vêtemens, des outils et des services, avait été ramenée à des limites plus accessibles à la bourse de chacun. On ne payait plus 1 dollar la livre de pain, 80 dollars une couverture, 50 dollars par jour l’usage d’une charrette attelée de deux bœufs, ni 5,000 dollars une barrique d’eau-de-vie. La main-d’œuvre ne coûtait plus 16 dollars par jour. L’Europe, les États-Unis et l’Océanie envoyaient en Californie des vaisseaux chargés de denrées et d’objets manufacturés dont la concurrence abaissait le prix ; on pratiquait des chemins entre le port de San-Francisco et les placers ; on jetait des ponts sur les rivières ; on établissait des dépôts de vivres et de marchandises à toutes les étapes. Les villes s’élevaient avec une rapidité qui tenait du prodige. À la fin de 1850, San-Francisco comptait cinquante mille habitans.

La production de l’or semble être parvenue maintenant en Californie à sa troisième période. Les mineurs ont acquis une certaine expérience ; leurs procédés d’exploitation sont moins grossiers, et ils se