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d’abord absorbé par les besoins de la circulation locale ; une société nouvelle se formant au milieu de contrées désertes, il a bien fallu qu’elle se créât des moyens d’échange, une monnaie. Après les nécessités de la Californie, celles des États-Unis se sont imposées les premières. Les États-Unis travaillaient depuis quelques années à faire rentrer les métaux précieux dans leur circulation monétaire. L’or importé de la Californie a contribué puissamment à opérer ce reflux. La monnaie d’argent ne circule qu’en très faibles quantités dans l’Union américaine. On y frappe l’or en pièces de 20, de 10, de 5 dollars, et même de 1 dollar. De 4 à 500 millions récoltés dans les trois premières années, à peine 70 à 75 millions ont été envoyés en Europe. Le mouvement d’importation en 1851 a commencé à être plus sensible. D’après les relevés que publient les journaux américains des quantités d’or expédiées des ports de New-York et de la Nouvelle-Orléans, l’Europe aurait reçu l’année dernière 200 millions de francs.

On obtient le même résultat en partant d’autres données. La monnaie de Londres, qui frappe en moyenne pour 2 millions sterling de pièces d’or, et qui n’en avait frappé en 1850 que pour 1,492,000 livres sterling, a augmenté ses opérations, en 1851, jusqu’à présenter un chiffre de 4,200,000 livres sterling (plus de 105 millions de francs). La moitié de ces valeurs devait être de provenance californienne. Dans la même année, la monnaie de Paris a frappé en pièces d’or 269,709,570 francs, dont près de 100 millions provenaient de la conversion en monnaie française des guillaumes hollandais. En tenant compte du monnayage allemand, qui se réduit à des sommes peu importantes, nous retrouvons le chiffre approximatif de 200 millions pour l’or qui provient de la Californie. Si l’on en juge par l’activité de notre monnaie, l’importation de 1852 resterait jusqu’à présent inférieure à celle de 1851, car nous n’avons frappé que pour 14 millions en pièces d’or dans le cours du premier trimestre.

L’Australie envoie régulièrement d’assez grandes quantités d’or en Angleterre ; mais une partie de ce que le pays producteur exporte en poudre ou en pépites lui revient sous la forme de monnaie. Plusieurs navires sont récemment partis de Londres chargés de 200,000 liv. sterl., à une époque où l’Angleterre avait reçu à peine 800,000 livres sterling tant de Sydney que de Melbourne. Des sommes considérables y seront aussi importées sous forme d’argenterie et de bijoux. Plus la richesse de cette colonie augmentera, et plus elle emploiera l’or dans sa circulation monétaire ainsi que dans les usages de luxe. Le pays de production sera infailliblement la contrée par excellence de la consommation.

Au reste, et bien que le métal précieux afflue sur le marché de Londres, l’or australien s’y est vendu, vers le milieu de juin, 4 livres