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L’Antiquité
et
les pères de l’Église.


Un jour, à la table même du roi Louis IX, un docteur de l’église, oubliant que le roi l’écoutait : — « Je tiens, s’écria-t-il, un argument sans réplique contre les manichéens ! Conclusum est contra manichœos ! » — Il nous semble, à nous aussi, que nous tenons un argument sans réplique dans cette grande question des poètes, des historiens et des philosophes de l’antiquité. L’argument est très simple en vérité. Il s’agit seulement d’introduire au milieu de cette étrange discussion les hommes mêmes et les écrivains au nom desquels elle est faite, et nous espérons qu’une grande et vive clarté rejaillira de ces sommets lumineux sur cette nouvelle dispute des anciens et des modernes. La dispute eût fini par usurper les dimensions des plus graves débats et des plus autorisés, si les grands esprits de l’église moderne n’eussent prononcé soudain leur quos ego ! dans ces luttes incroyables où semblait se retrouver l’acharnement de l’antique bataille, au siècle de saint Louis, entre l’Université et les ordres religieux. En ce temps-là déjà (1254), l’Université, attaquée en ses derniers retranchemens, s’adressait aux évêques de France en s’écriant : « Sauvez-nous, nous périssons ! » Et il ne fallut rien moins que l’intervention du roi Louis IX, à peine de retour de la croisade, pour pacifier ces terribles différends.

Nous ne remonterons pas si haut, — Dieu nous garde et nous préserve de marcher sur ces cendres qui brûlent encore après tant de siècles ! — Nous nous contenterons de suivre, en toute sympathie et